jeudi 25 novembre 2010

Hagiographie Marcelle (dans les veines de, coule l'amour du soldat.)

J'essaie pour la quinzième fois de lire en entier A la Recherche du Temps Perdu par M. Marcel Proust.
Pour la première fois à l'admiration fatigante et sincère s'ajoute du plaisir sans arrière pensée et c'est peut-être tout simplement parce que j'ai accepté d'y aller mollo, c'est-à-dire de relire trois fois la même page s'il le faut ou -surtout-de la sauter en m'en foutant. Mon plaisir à cette lecture c'est, textuellement, des petites pastilles qui pètent dans mon cerveau au détour de certaines phrases et qui me font dire parfois avec gravité, "putain comme il est fort ce con à dire ce que parfois je ne suis même pas certain de ressentir." Y aller mollo, oui, donc, avec des sous entendus graveleux et aucune distinction.
A part ça la seule chose à dire que j'ai à dire sur Marcel Proust c'est que je trouve qu'il est un garçon éminemment sympathique ( même si, je me l'accorde, il peut être un peu chiant, avec son côté bien élevé... et le point de la fin du chapitre tombe parfaitement et ça va bien avec les fleurs blanches que trucmuche... qu'importe il est avant tout sympathique) et ça change d'autres, je pense au grand épouvantail insortable que j'aime encore beaucoup malgré tout, M. Celine, ce gentil garçon au sourire si doux, évidemment.
De mon point de vue débile, de mon faible point de vue, la distinction homme/oeuvre n'est même pas très intéressante: je suis là pour dire que Marcel est sympathique et je m'appuie sur deux choses qui me reviennent en mémoire.
La première est le témoignage télévisuel de Céleste Albaret (sa dame de compagnie, au sens le plus chevaleresque du terme, ne dénotons pas). Ce témoignage, je ne ferai que le citer: je n'ai rien à en dire, je l'ai pas vu depuis dix ans, je ne m'en souviens presque même plus, mais il faut vraiment que mon putatif lecteur et demi aille le (re)voir sur youtube - c'est disponible, dans le désordre on dirait, c'est mal foutu, j'ai vérifié- pour être ému un peu s'il n'est pas trop insensible ou ricaner s'il est trop sensible, c'est une bonne technique de sensible, le ricanement.
La deuxième c'est une photo que je ne retrouve pas sur internet mais que j'ai dû voir chez ma mère : Marcel est sur un avion au sol avec son chauffeur, il est amoureux de lui, il paraît, et on dirait, il porte une immense fourrure et il prend l'air sérieux mais on sent qu'il est content, il a offert cet avion, ou un autre, à son chauffeur qui à l'air heureux lui aussi et Marcel Proust a l'air à la fois mignon et mac, ce qui est toujours difficile, surtout quand on a un corps fragile. Corto Maltese en serait presque fade à côté d'eux et ça, ça n'est pas rien. (Il faut d'ailleurs bien en profiter car Alfred, son chauffeur et ou son amant, va bientôt mourir en avion, c'est pas vraiment de chance.)
Voilà.
Deux précisions finales mesquines:
_ à ceux qui disent que Marcel est mondain je réponds qu'ils ont raison mais que j'ai sur les genoux un cube de deux kilos cinq qui est A la Recherche du Temps Perdu et qui est écrit tout petit et qu'il y a tout le reste de ses écrits qui doit peser autant et que je pense que tous les ermites du monde doivent faire des petits sauts de cabri dans leur tombe en rigolant (ils savent d'expérience qu'un véritable ermite, il peut avant d'en revenir avoir une vie un peu vivante)
_ à ceux qui ragotent, et ils ont raison, par exemple que pour parvenir à être un peu excité sexuellement, il fallait qu'on transperce des rats avec des aiguilles sous ses yeux, je réponds que c'est pas prouvé et que même si ça l'est c'est pas vraiment très grave ni très méchant et que de toute façon il porte bien la fourrure, alors...
Au fond il est sympathique parce que se dégage de lui une terrible douceur.
"De le douceur, de la douceur, de la douceur", ça c'est Verlaine, l'alcoolique qui tirait ses potes, se tirait avec ses potes, tirait sur ses potes mais avant ça prenait le temps de mettre une torgnole à sa femme et de jeter son fils, bébé, de toutes ses forces éthyliques contre le mur.
Personne n'est parfait. D'ailleurs je ne suis pas sûr de finir le gros pavé.

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