mardi 25 novembre 2014

(Tambouille)

Tambouille. Le Stu 6 est en route.
En attendant, arrière-cuisine, pépère, léger, entre deux verres (peut faire encore un peu branlette narcisse, je préfère prévenir... pour le voyageur égaré... passez prévenus sans cracher dans ma soupe)

Ingrédients.
Il faut distinguer les ingrédients involontaires et les ingrédients volontaires.

Ingrédients involontaires.
En 2010 je relis Alcools du Patrollinaire et soudain: la première strophe de "Merlin et la vieille femme",
"Le soleil ce jour-là s’étalait comme un ventre
Maternel qui saignait lentement sur le ciel
La lumière est ma mère ô lumière sanglante
Les nuages coulaient comme un flux menstruel"

...me rappelle quelque chose.
Ah oui: un des premiers "quatrains", que j'ai jugé vaguement sortable, commis par mi- et de cuisine:
Je le livre éhontément:
"Ce rougeaud de soleil qui déverse ses tripes
Dans la mer bleu nuit aux pâles fourreaux d'argent
Cet astre lumineux auquel la vie s'agrippe
Part et commence la nuit attendue si longtemps."

ça se ressemble un peu, hein?
Totale stupeur de ma part en 2010. Aucun décalque, aucun souvenir.
Mais pour être parfaitement sincère il faut préciser que la première fois que j'ai lu consciencieusement et en entier Alccols c'était pour le bac de français et c'était en 1995.
... Le quatrain tiré de "Coucher antillais", original comme titre, et bê je l'ai écrit en 1995 aussi
AH!
Ah ouais...
Evidemment...
Tout est clair, plagieur... Mais non, je jure, ou alors: inconscient.
Plagiste.
- Ce serait presque le moment de placer l'argument goebbelsien de Courtney Love quand on l'a accusée d'avoir fait écrire son album par son mari: s'il avait participé, il aurait été dix fois meilleur.
Solide.

Ingrédients volontaires:
parfois je parodie un peu, pour la maison, pour m'amuser, et le mot parodie n'est pas le plus juste, j'utilise, je clind'oeile, je fais mijoter, je m'entraîne, et puis ça marche: souvent ça m'amuse.
Exemple:
un truc de Verlaine -on voit que c'est l'écriture contemporaine qui me nourrit.

Le vieux malade d'abord:                                         Le jeune con copieur:
"Les donneurs de sérénade                                   "Les donneurs de coups de bite
Et les belles écouteuses                                          Et les belles nyctalopes
Echangent des propos fades                                   Se font passer des mayos frites
Sous les ramures chanteuses[..]                              Sous la lueur des stroboscopes[...]
Tourbillonnent dans l'extase                             Les jeans, bleus, des garçons et des filles
D'une lueur rose et grise,                                        Caracolent dans le bruit
Et la mandoline jase                                               Des instruments sournois et moqueurs
Parmi les frissons des brises"                                 Et la guitare basse jazze
                                                                                Un bon vieil air bien racoleur."
                                                     Indaclub.

Deuxième exemple, il est rigolo, et un peu différent dans le mécanisme de transformation:
Pas Parodie de "Becassine" de Brassens mais utilisation de "Bécassine" de Brassens :
"Sous la coiffe de Bécassine                         " Certains se cassent en Indochine
Un champ de blé prenait racine                       Pour y donner des coups de pine
Ceux qui cherchaient la toison d'or                 De gros et joyeux gars du Nord
Ailleurs avaient bigrement tort "                     Vont défoncer de petits corps."

Fin.
Délicat car
L'essentiel:
Au delà des ingrédients quand j'ouvre mes vieux cahiers je retrouve autre chose (à l'origine je les ai ouverts pour retrouver la parodie de Verlaine dont je ne me souvenais plus trop, uniquemet de "donneurs de coups de bites", "mayos frites" et "jazze" à vrai dire, et je suis remonté de carnet en carnet comme un petit saumon, ohoh) je vois un de mes premiers poèmes gardés, extrêmement lointain et je constate que je l'écris dès que je sors d'une certaine enfance, que dans ce texte ancien, j'y raconte la perte d'une naïveté, l'ébahissement que provoque le fait de découvrir un peu comment fonctionne le monde - sur ce coup précis la petite hypocrisie qui ne porte pas à conséquence mais qui surprend l'enfant qui croit que tout le monde s'aime et que tout le monde se sourit sans se forcer, ou ne se sourit pas.
Et je me dis que, hop, tout de suite que, protection, je sors mes jouets pour compenser mais comme c'est un peu ridicule et que je suis orgueilleux, hop j'utilise le langage de "façon poétique", à suivre la distinction du mec, un critique dont je ne me souviens plus, le nom, qui disait que le poète joue avec les mots comme un enfant alors que le romancier tel un adulte affronte le monde.
C'est un peu débile comme théorie. C'est une théorie de vieux. Ou d'enfant qui croit que l'adulte existe.
Simple et Sénile.

Et quels fruits de tant de fleurs, et quels fruits de tant de fêlures?
Peut-être que les ingrédients involontaires c'est, le temps passant, le tour de main, dont il faut se méfier comme de tout?
Peut-être, oui.
Parler d'or et mettre l'argent
Dans la main.
Putain c'est tendu

Retenir la paradoxale naïveté.

Et Apo il en fait pas trop?
Non il en fait pas trop


Ps: comme j'ai parlé que de vieux cons, je mets ce lien.
A la fin de sa vie Gainsbourg, plus il disait des conneries plus il avait l'impression de dire des choses intelligentes, le genre de mec qu'en plus il s'autocite, quoi, tyasu, le malade, mais dans cette interview il tient presque la route. Je ne déteste pas ce qu'il dit sur le post mortem.

https://www.youtube.com/watch?v=PuNx4r1umUU

jeudi 6 novembre 2014

STU 5: bagnoles : 5 places

Nous allions à Eygalières.
Nous avions loué un camion, énorme, au fond de la soute duquel l'ampli fender, l'ampli vox, l'ampli basse, la batterie et les guitares semblaient minuscules.
A l'allée Manu conduisait, le camion avait été loué avec les papiers de Christophe et va savoir pourquoi Manu n'avait pas le droit de conduire... il avait dû perdre tout ses papiers, et Christophe était un peu stressé par ça...il soufflait contre la vitre latérale en battant mécaniquement de l'épaule, verdâtre, alternant les sifflements haineux contre les automobilistes et les: putain, je te fais confiance Manu, j'ai confiance en toi Manu, je sais qu'il va y avoir aucun pb, t'inquiète pas, j'ai confiance... Je crois que dès la première halte sur une aire, il était passé rapidement à l'arrières se détendre et nous détendre, passé à côté de Guillaume et Florent avec qui il avait pu faire des blagues de cul et rire hyper fort.
Oui Florent était là, il avait un paquet de MMs et une bouteille d'eau et Guillaume, ravi d'avoir un être un peu nouveau avec lui, lui expliquait ce qu'il tapait sur Google.

Nous allions à Montpellier.
On avait pris la Xsara, grise, ma voiture qui n'était pas à moi et notre voiture de base. La base. La basse sur les genoux à l'arrière de Christophe, Manu et Stéphane, les instruments prenaient toute la place. Sur la basse une bouteille de mousseux, quand même.. Maintenant je ne sais plus si c'était Guillaume à l'avant, avec moi qui conduisais ou Christophe. Je revois bien Guillaume disant, passez-moi la bouteille de mousseux avant que vous la finissiez, que j'en passe un peu à Paulandré, Manu lui demander goguenard, et toi t'en bois pas? et Guillaume, oh, oh non, non, moi ça me dégoûte le mousseux, il est hors de question que je touche à ça... vous allez avoir un de ces mal de tête. Oui je m'imagine bien en train de gueuler sur Guillaume pour qu'il ne finisse pas la bouteille et qu'il m'en laisse un peu... mais je ne voudrais pas que ce soit trop caricatural non plus.

Quand nous sommes arrivés, Florent nous a aidé à décharger le matériel... tandis que nous frôlions la crise d'angoisse collective, la remise en question permanente pour nous détendre et gagner du temps il accorda même les guitares (Christophe et moi qui n'étions pas sûrs que le public soit sensible à la simplicité rustique de notre jeu de guitare après les essais de Florent ça nous a ému mais ça nous a pas beaucoup détendu... On a dû boire un verre de blanc tous les 5 pour "refaire les niveaux.")
Quand nous sommes arrivés, Stéphane nous a aidés à décharger le matériel et un ampli à la main il s'est jeté sur le barman, en lui en disant mort de rire, ouais, je suis membre de Le Stu, on est 5 et on veut bien une bière chacun et pour moi ça sera une pinte, je suis crevé, mon beau, haha. (C'est là qu'assassin je précise que quelques heures plus tard pendant qu'on jouera dans la salle au sous-sol il restera au bar à discuter avec un pote.)

Je sais même plus si on est rentré directement d'Eygalières ou si on a dormi là-bas mais je me souviens qu'au retour de Montpellier, dans la nuit, j'étais à la place du mort, bavais un mélange de whisky et de bière sur la vitre latérale, tandis que Guillaume conduisait d'une main de maître, pas de panique les gars, je vous ramène, on va faire un beau dodo à la maison. Manu répétait: je vais crever, je vais crever, je vais crever, il faut que je fasse quelque chose. Il avait imposé un arrêt sur une aire et s'était rué dans le "market", bu un café et une canette de redbull cul sec en moins de dix secondes et s'était jeté, blotti à l'arrière de la voiture en disant, putain, je peux enfin dormir. Et quand Stéphane, qui était entre temps allé pisser, avait proposé un pack, de prendre un pack de bière pour la suite de la route, Christophe et moi, surtout moi, avions gémi: non... Manu n'avait rien répondu: il dormait comme une masse.
Un peu déçu, il s'était foutu de nous avec Guillaume qui reprenait une clope et le volant.

Je signale au passage qu'entre les deux allers-retours des amplis grillèrent mais surtout que pendant que Manu essayait de me convaincre qu'il fallait que je me fasse un tatouage de taulard sur l'avant-bras, stylo bille et preuve à la main comme à l'appui, Christophe, Stéphane et moi parlions de nos pères, de nos mères, des enfants, de la liberté, de l'angoisse pendant que Florent, Christophe, Guillaume, Manu et moi nous taisions pudiquement sur le rapport à la vie, à la mort, à l'amour et à la liberté...
ça fait encore plus alcoolique, mais je le dis.
Et c'est pas trop grave si ça fait patient récurrent de pédopsychiatre: vu tout le fric que les généreux et généreuses mécènes d'Eygalières nous ont donné, et ce malgré les hurlements et les menaces d'une vieille dans le public dès qu'on a touché nos instruments, on peu encore un peu le payer, le pédopsychiatre.

PS: tout me revient maintenant, ni on n'avait dormi à Eygalières, ni on n'était rentré à Marseille: on était passé chez la mère de Manu, y'avait du vent, des arbres, des voûtes, de l'accueil, c'était très bien.

jeudi 30 octobre 2014

(STU2: pas très studieux)

Mais oui l'article STU 5 est en chantier.
Mollement? Peut-être pas
Envie, besoin d'une parenthèse?
Allez, rapide.
Pour dire encore une fois, tel un enfant émerveillé et bégayant, que c'est incroyable le langage.

Si on a bien lu la première parenthèse, c'est-à-dire l'article (STU), on a le droit de le relire, on se souvient qu'en même temps que je commençais l'apprentissage de la guitare je rédigeais le "Manuel de guitare personnelle" dans Les Chiens Enragés/ Courts Outrages
J'ai dit aussi que je n'y disais pas forcément le plus intime, que je sélectionnais les informations, que c'était plus moi, que c'était tout le monde, etcetera, je vais pas recommencer c'est fastidieux - moi, j'aurais jamais la force de relire l'article (STU), et c'est pas une pose.

Or, si on regarde les mots, les sons, les syllabes, tout est dit et ça va beaucoup plus vite, ça te plaît, siècle pressé, tout en étant peut-être même parfois un peu plus pertinent.

Ainsi: Le manuel de guitare personnelle:

_ Manuel (déjà expliqué: le nom propre)
_ Deux (y avait un dessin dès le premier article qui montrait bien que c'était un apprentissage qui convenait bien à ma schyzophrénie)
_ Gui (celui des druides, par exemple)
_ Tard (commencer à trente ans)
_ Père (...)
_ Son (...)
_ Elle(...)

Il semblerait même, à suivre le mouvement naturel du titre, qu'on aille vers le plus intime.

En 1900 avec mon blog j'en aurais eu du succès, et à parfum de scandale presque.
C'est d'ailleurs le moment pour une petite citation qui rappelle que chez Freud la personnalité de l'analysant est ce qui donne le sens au rêve: "chacun des rêves dont j'aurais à m'occuper conduirait aux mêmes choses difficilement communicable et m'amènerait à la même nécessaire discrétion. Je n'éviterais pas davantage cette difficulté si je proposais à l'analyse le rêve d'un autre."
Ce qui veut dire que dans un mouvement d'une élégance absolue je vous laisse enquêter sur vous-même en redécoupant et interprétant tous seul le mot "personnel ", et tous les autres mots de cet article si vous le voulez.

C'est le moment idéal pour rappeler que samedi soir c'est pas moi qui vais donner quarante euros à un quelconque psy imaginaire, Pierrot dans ta tête, mais que c'est vous qui allez donner 5 euros, et plus selon vos besoins et envie, à la Machine à Coudre, non pas parce que vous êtes des anges mais parce que vous êtes désoeuvrés, alcooliques.
(S'il y a un seul lecteur, je le vouvoie avec déférence et amour.)
Si je retrouve quelques vinyles et même de vieux exemplaires de Courts Outrages (le dessin était pas trop mal dans mon souvenir et les articles de mes congénères de haut vol) qui doivent rester dans un tiroir chez moi, je  les amène.
Oh, la pute.
Même.
Amène.
Souvenir.

mercredi 1 octobre 2014

STU 4...4? local 44

"S'il est libre, dites que vous voulez le 44."

Comme dans Hélène et les garçons, mon cricri, pour répéter il faut un local de répète.
Celui-là s'appelle "l'hôtel de la musique" et se situe rue du Portugal, perpendiculaire à l'avenue de la Capelette. C'est, genre vieille façade d'usine me semble-t-il mais je n'y connais pas grand chose, un assez beau bâtiment, relativement à ceux qui poussent autour de lui depuis une dizaine d'année en tout cas, barres d'immeubles qui ne l'étouffent pas encore mais qui le vouent à disparaître ou à se reconvertir vu le bruit que les 80 ou 90 petites pièces occupées par les groupes font subir au voisinage.
D'ailleurs, depuis cette année, suite à des plaintes j'imagine: double vitrage.
Et, souci d'économie, toutes les fenêtres ont été transformées en lucarnes.
Quant au chauffage, il n'y en a jamais: dans ces pièces où les groupes s'entassent, il fait très froid l'hiver et très chaud l'été ce qui me laisse à penser que le propriétaire ne semble pas vraiment un philanthrope animé par le seul souci du confort de la création musicale. Ou alors il pense comme d'autres que l'art vit de contraintes et meurt de liberté.
Mourir de froid.

Devant la façade: un parking en plein air, lui même enceint d'un haut mur et, pour entrer dans ce parking, une haute porte en bois qui coulisse sur un rail qui grince. Je trouve ça assez beau, c'est pas un pont levis mais comme le mur du parking, celui sur la gauche en entrant, longe un pont sur lequel passe la voie ferrée et sous les arceaux duquel poussent des buissons voire des figuiers, et bê ça fait à la fois industriel et bucolique. XIX° siècle?

Au fond du parking : deux entrées. La première, dans l'axe, toujours fermée par un volet roulant métallique - à moins qu'on n'arrive à en obtenir les clefs pour remplir un camion d'instruments, ce qui est bien commode-  l'autre, un peu décalée sur la gauche qui mène à un comptoir: l'accueil où on prend les clefs voire une bière mais plus sûrement un café car les bières clinquent déjà dans le sac en plastique blanchâtre, presque transparent, qui colle par endroit au verre de la 16, humide et froid; salle réduite chaque année par la création de nouvelles pièces au rez de chaussée dans lesquelles on peut loger des groupes qui paient leur loyer.
A quoi ont-ils droit ces groupes qui paient le loyer?
Nous en tout cas on a droit au local 44, ce qui est un bon hasard quand on ne déteste pas la chanson L'hôtel particulier de l'album Mélody Nelson, c'est-à-dire à une pièce moquettée, ce qui permet de conserver précieusement les odeurs de bière, de cigarette et de sueur, de... je sais pas moi... de 5 mètres sur 5... difficile à dire avec le matériel qui même bien rangé prend de la place.
Nous c'est, en ce moment, les intérimaires diasporés du Stu mais aussi les plus sédentaires - ce qui veut dire qu'ils font des répètes - TheSobers et WakeTheDead. Quand nous sommes arrivés il y a 5 ans il y'avait encore Sheeva et Menpenti. Heureusement que le temps passe mais ça dure. Sature?

C'est ici qu'un jour, torse nu, suant mais pas encore totalement ivre Christophe avait répondu, à genoux, à un coup de téléphone de son boulot en disant: "attendez, je suis dans un local avec des gens."
Que dire de plus? " C'est la chambre qu'ils appellent-ici de Cléopâtre?"

Pour finir ne pas oublier de préciser que si on y va à pied, depuis le métro de la Timone, par exemple et comme moi, il faut suivre le boulevard Sakakini et l'avenue de la Capelette en se disant que 3600 ans d'histoire pour arriver à ce niveau d'humanité (voitures, voitures, voitures, scooters, camions, camions, stations, essence, bétail, chèvre, odorant et mécanisé qui perce les tympans) ça peut remettre en question toute notion de progrès mais que comme les musiques saturées correspondent assez bien au décors urbains les plus sordides, c'est très bien comme ça -et, encore une fois, vivement une bonne bouffée de gasoil.

Autour du pédopsychiatre : des dessins d'enfants; au mur : de grandes bibliothèques chargées de livres sérieux; à sa droite : un divan - au dessus duquel, immobile, un ventilateur attend
qu'on lui permette de brasser un peu d'air.
Dans la main du pédopsychiatre un tout petit peu d'argent.

jeudi 11 septembre 2014

STU 3+1=2+2=4?



Un groupe d'amis, de musiciens, de familiers, une nation, est composé de sous groupes.
Et de sous-hommes parfois. Mais pas toujours.
Dans le Stu il y a quatre individus.
Qui ont des liens, des affinités, des histoires communes qui les rapprochent particulièrement: 4 personnes parfois c'est 2 potes plus 2 autres potes; 4, parfois, c'est trois potes au bar et un couillon tout seul chez lui. Ou trois personnes chez elles et un beau gosse au bar avec des filles plein sa table - ou des larmes plein sa voix et de la pisse plein sa bière parce que sa brelle démarre pas.

Une fois, c'était un lundi, je suis rentré dans le local. Ils étaient déjà deux, on devait répéter à trois, mais ils étaient venus plus tôt, les petits complices. Le quatrième bossait et ne venait pas ce soir. En frappant à la porte, toujours fermée à clef, j'ai pensé à un couple - un peu bizarre certes, un couple rythmique soit dit en passant - que je dérangeais presque. Puis, moi étant là,  à une sorte de famille -un peu dégénérée - dans laquelle je suis entré comme un... un fils aîné dont le frère cadet était en colo de vacances. J'étais qu'avec mon papa et ma maman, c'était bien, c'était facile, y'avait que trois sons à mélanger, trois personnalités, pas quatre.
Et puis surtout quand quelque chose va pas on sait tout de suite que c'est la faute de celui qu'est pas là et c'est simple, et on l'accuse, et on est content. Je crois que l'empire américain fonctionne à peu près de cette façon.
Et puis votre frère vous manque.
Et puis souvent on se dit que si ça va pas c'est justement parce que le quatrième n'est pas là...
Alors que lorsqu'on est tous les quatre il est clair que ça va pas et que c'est tout simplement la réalité...
_Vous pouvez au moins faire semblant de me rocknrolliser votre soupe, là?
_ Oui. Oui. (Quand t'es viré tu payes quand même la séance.)
Alors, 2+2=3+1=4?
Deux au milieu de quatre: j'ai connu Manu au lycée. Manu et moi. J'ai connu Guillaume au collège, Guillaume et moi. Manu et Christophe ont la peau mate et des origines espagnoles. Christophe et Manu. Guillaume et Christophe ont écouté JoysDivision à douze ans. Que dis-je à onze ans. Christophe et Guillaume. Guillaume et Manu ont croisé le fer. Guillaume et Manu. Plein de combinaison de deux...
_ Mais merde, vous avez entendu ce que j'ai dit...
_ Oui. Et bien Christophe et moi on jette des trucs à la gueule des gens, et souvent dans nos gueules à nous, pas souvent, mais on le fait.
Un soir, en répète, il m'énerve, je l'énerve, l'alcool nous énerve, il veut parler, ça fait longtemps qu'il parle me semble-t-il, je l'interromps, il se vexe, il me fait un bras d'honneur, je commence à shooter dans tout ce qui bouge en le visant pour lui faire ravaler son geste, un tabouret de batterie lui frôle le visage et se fracasse sur le mur, on a un peu peur, on se serre la main.
_ ...
C'est pas tout. Quelques semaines plus tard, dans un bar, Christophe et Manu se disputent, Manu doit insulter Christophe ou s'en moquer, Christophe prend sa bière et la lui jette dans la gueule pour lui faire ravaler ses propos. Le verre frôle le visage de Manu et se fracasse sur mon épaule, on se serre la main.... Nous formons un beau groupe de deux, ceux qui jettent des trucs.
A noter qu'on peut considérer que Guillaume en balançant un jour des bouteilles de bière par la fenêtre nous ait rejoint, voire nous ait fait fermer notre gueule.
_ C'est tout?
_ Et bien Christophe et Guillaume se roulent des pelles, de façon ostensible, souvent après des concerts. Le premier dit que c'est pour lui casser tous ses coups, l'autre dit qu'il est pris en otage mais tous deux savent que c'est pour être deux fois plus sexy... Christophe et Manu sont tatoués, peau sombre, boucles d'oreilles et crêtes (alors que Guillaume et moi avons longtemps plaqué une petite raie de côté au dessus de nos lunettes, c'est beaucoup plus séduisant.)
_ Bon, allez, groupes de 3 dans groupe de 4, un exemple, et après vous vous cassez.
_ ...
_Vite.
_On est allé jouer à Bordeaux, une date sèche, en partant de Marseille, faut être un peu con pour faire ça. En Xsara, pleine à craquer. Il pleuvait, on a crevé sur l'autoroute, quelqu'un a dû faire tomber un ampli sur le pied de quelqu'un pour aller chercher la roue de secours. On arrive très tard à Bordeaux mais on se rend compte qu'on joue dans une Rhumerie et que le bar est gratuit -à l'infini- pour nous. Manu nous attrape par le col, Christophe et moi: "Guillaume ne doit jamais savoir que le bar et surtout les coktails au rhum sont gratuits." On applique. On boit nos rhums en cachette, on fait semblant de lui offrir une bière ou deux. On joue (Guillaume joue mieux que nous, va savoir pourquoi.) On range le matériel, je rejoins Guillaume au bar: je le vois en train de sortir des billets, je lui demande ce qu'il fait, il me répond: "je vais me payer un petit rhum", j'éclate de rire, je lui apprends, il est outré. Il en boit quatre ou cinq cul sec et fonce dans la salle où commence le concert suivant et...
_ Associez, associez...
_ Ben oui, on est associés, bien sûr qu'on est associés, on est plus qu'associés, on est...
_ Bon allez, cassez-vous.

10..+ 10...+ 10... + 10... et voilà 40 euros dans la main du pédopsychiatre.
_ Et j'ai oublié de dire que oui, 4, oui 3+1= 2+2= 4, que 4 c'est...
_ C'est bon, vous avez payé, c'est fini, vous rentrez chez vous, chez votre papa... ou votre maman, ou appelez-les comme vous voulez... vous partez.

jeudi 4 septembre 2014

(STU)

Une parenthèse. "Ecrit de réconciliation."
Il y a 6 ans, peut-être, avec Manu et Christophe nous avons monté, fait, écrit, je sais pas, un petit journal, un fanzine dont le premier titre était "Les chiens enragés"-ce titre grandiloquent et naïvement, prétentieusement, enfantin me semblait parfait mais comme il préexistait à notre trio, Manu l'ayant pensé, rêvé, joué avant de nous rencontrer, nous avons ensuite réellement baptisé cette feuille de chou, moitié leggins et moitié teck, "Courts Outrages". C'était une bonne décision, c'était un bon titre, choisi pour de bonnes raisons, que j'assume et revendique tout ce que vous voulez mais j'ai toujours préféré, même si tous les arguments pour le congédier étaient bons, et sûrement préféré à tort en plus, enfin j'ai toujours préféré : "Les chiens enragés". La vie est rigolote.
Mais il s'agit là d'une parenthèse dans la parenthèse.
Dans ce journal j'écrivais une rubrique, intelligemment soufflée à mon oreille par Manu, qui s'appelait "Manuel de guitare personnel" dans laquelle je racontais mon difficile, problématique, tardif, douloureux, mais aussi joyeux, ouais quand même un peu, apprentissage de la guitare. J'en profite pour dire que je l'avais intitulée, cette rubrique, "Manuel de..." pour faire le lien, et payer ainsi cette petite dette, que moi-seul peut-être voyait, avec le prénom de celui qui me l'avait soufflée (qui est d'origine espagnole comme Manuel V. et non d'origine allemande comme Emmanuel K.)
Mais il s'agit encore d'une parenthèse dans la parenthèse.
Dans le "Manuel de guitare personnel" je racontais les rapports, entre autre conflictuels, que je pouvais avoir avec l'apprentissage de cet instrument, lié aux rapports éventuellement complexes mêmes si souvent banals, que je pouvais entretenir avec ma famille (relativement musicienne, notamment mon père, plutôt guitariste.)
Un peu comme si, affirmation auto polémique et auto parodique, Christian Bach, le fils de Jean-Sébastien, décrivait son apprentissage de la musique.
Or, à partir du moment où je racontais cela dans ce journal vaguement, très vaguement, diffusé, c'est qu'"il n'y avait plus de problème", que le "problème" n'était pas forcément réglé mais qu'il ne se posait plus dans les termes dans lesquels je l'exposais.
Ce qui fait que je suis toujours surpris quand on me dit que je peux avoir des "problèmes" liés à la guitare -j'en ai bien sûr, j'en ai presque avec tout, héhé- tels qu'ils sont formulés dans le "Manuel de guitare personnelle": je n'en ai plus la mémoire puisque je l'ai écrit et je peux répondre sans me forcer et sans mauvaise foi: "ha bon?"
Mais surtout il me semble que j'ai pu écrire ces "articles" parce que je n'étais plus en conflit avec ce que j'y racontais, relativement réconcilié: qu'il s'agisse d' articles du journal, d'articles de blog, de paroles de chanson... de ce que vous voulez, cela n'a strictement rien à voir avec un journal intime. Ainsi les douloureux conflits non réglés, à cet instant même aussi, liés à l'apprentissage de la guitare il me semble ne jamais en avoir vraiment parlé si ce n'est ivre mort peut-être ou à un psy, à jeun... c'est pour cela que quelle que soit leur apparence ou leur tonalité, ces écrits je les ai appelés -première ligne de cette page- des écrits de réconciliation...
ça (J'arrive pas à faire un ç majuscule) sonne peut-être pas trop mal mais je sais pas vraiment ce que ça veut dire en fait : "écrit de réconciliation"...
Disons que quand je montre quelque chose que j'ai écrit c'est que je suis réconcilié avec ce que j'ai écrit, qu'éventuellement le fait de l'écrire a pu parfois permettre cette réconciliation. Ce qui est naïf de ma part évidemment c'est d'oublier que cela peut provoquer autre chose que ce sentiment chez les autres, voire que cela peut provoquer des conflits. Ce qui est naïf de ma part c'est aussi d'imaginer que mon propre regard sur moi soit juste. (ça me fait penser aux dépressifs qui disent, ouf, enfin ça va mieux, je sors du trou, juste avant de se suicider, ça me fait rire mais c'est pas très rigolo).
En tout cas j'ai l'impression que cela ne m'appartient plus que comme un texte parfois raté ou parfois réussi. Ce qui peut-être pire que tout quand on le relit plus tard mais ça c'est une autre histoire.
Bref comme dirait l'autre pitre: je est un autre, pitre.
Et alors?
Alors cet article, (STU), ne devait pas être une parenthèse et devait porter une fois de plus sur le Stu et s'appeler: "3+1= 2+2=4?"
Et j'arrive pas à l'écrire. Et je me rends compte que ce que j'ai à y raconter est trop intime au sens de "pas réconcilié", et je l'écrirai que lorsque ce le sera, ou lorsque j'aurai fait le tri entre ce que je pourrai dire et ce que je ne peux pas dire ou aurai trouvé une façon de le dire, d'inventer sûrement pour retrouver la réalité, peut-être.
Et évidemment, couillon, c'est d'autant plus compliqué qu'il s'agit de quatre intimités (celles de Manu, Christophe, Guillaume et Paul-André, ou alors pour ne pas simplifier les choses, celles d'ElJeton, Kinou, Andros et StPoli), qui fonctionnent souvent différemment, qui, par exemple, écrivent leur  vie au sommet du bouillonnement, ou uniquement dans la tension, ou en respirant à grandes goulées sur des hauteurs, ou vivement une bonne bouffée de gazoil, qui rient de ce qui m'énerve ou qui s'offusquent de ce qui me fait rire.
Et ça dépend des jours.
Et c'est très bien.

Bon, là, la thune pour le pédopsychiatre je la sors de ma poche et je dis pas le montant, de toute façon à trois ans on sait pas compter. Mais je la sors lentement, sexy, pervers, polymorphe.
En effet
PS1: les ordis de Poutsch et leurs utilisateurs, Jean-Christophe, Guillaume... étaient bien utiles et précieux pour la fabrications de CourtsEnragés.
PS2:Pour ceux qui au lieu de considérations fumeuses auraient voulu "de la pute et des cokes" dans cet article je peux à peine dire, pour les faire saliver, faire passer leur langue, les filles, sur leurs lèvres ourlées, que je ne sais pas encore si dans l'article "3+1=2+2=4?" je vais dire que dans le STU y'en a qui sautent de la voiture en marche avec assez d'adresse pour ne pas se blesser mais qui jettent leur bière -contenant et contenu- dans la tête des gens avec assez de maladresse pour choper le torse de la personne assise à côté... ou alors que d'autres se roulent des pelles hyper expressives pour exciter, picoter les filles vers lesquelles ils avancent.
PS3: Et n'allez surtout pas en déduire, les enfants, que parce qu'on est "réconcilié", tu parles, on doit dévoiler son intimité. On dit ce qu'on veut, on répond uniquement aux questions auxquelles on veut répondre, on résiste à la pression.

jeudi 31 juillet 2014

STU 2 le (du) JaegerMeister

Voilà l'autre débile de Booni qui m'envoie des capsules de bière dans la gueule. Et pourtant je l'aime et il m'aime. Comment cela a-t-il pu commencer?

C'est au O'Bundies - qui deviendrait quelques années plus tard La Salle Gueule, ça a peut-être peu d'intérêt de rapporter cette information mais ça me fait toujours plaisir d'utiliser le nom de La Salle Gueule, j'aime ce jeu de mot, il est bien.
Bon.
The Stu Ungar Story devait jouer au O'Bundies avec un autre groupe, ouvrir pour un autre groupe en fait, se greffer au concert de l'autre groupe, je ne me souviens plus de son nom:  Le Stu n'est pas toujours antipathique et autocentré, ne parle pas toujours de lui à la troisième personne mais n'a pas non plus toujours une excellente mémoire. Nicolas organisait le concert, il était présent et discutait avec tous les membres des groupes - qui étaient ses amis, qui étaient très sympathiques. Tout le monde était content.
Il y' avait du whisky, c'était extrêmement rare, dans le petit local derrière le bar, réservé aux concertistes -c'est bien d'utiliser le mot groupe une dizaine de fois mais faut varier un peu - et Guillaume n'avait pas le droit d'y toucher: une consommation immodérée d'alcool avant le concert le rendait arythmique, comme nous autres bien sûr, mais lui ça s'entendait plus, c'est le privilège des batteurs. C'est pour ça que, sage, il se servait d'énormes verres de coca, et qu'il traversait le bar, avançant, glorieux, vers nous, avec un sourire satisfait; ce soir il était un véritable nazi sur l'alcool, il ne buvait que du coca, tu vois Manu, ça le réveillerait, pas un goutte, même pas une bière... Il nous prenait à parti avec des grands gestes.
Au troisième coca il me faisait des clins d'oeil de plus en plus expressifs et j'abandonnais négligemment mes bières pour boire ses verres avec lui. Ils étaient de plus en plus forts, il y mettait de plus en plus de whisky et de moins en moins de coca et on éclatait de rire comme des gros cons super malins et heureux de leur bon tour, "Chuut" - alors que Manu, Christophe, Nico, tous, avaient bien compris qu'il buvait du whisky coca depuis une demi heure, et faisaient semblant de ne pas le voir. C'était drôle.
Une autre demi heure plus tard y'avait plus de whisky, tout le monde était ivre, moi j'étais bourré et Guillaume détruit. Je ne sais plus qui a commencé à échafauder une théorie comme quoi il fallait boire du JaegerMeister pour se remettre en forme. Nico a dit qu'il en avait une grande bouteille chez lui, qu'il avait sa voiture, qu'il était prêt à les prendre (voiture et Jaeger) mais qu'il fallait que quelqu'un l'accompagne car il ne voulait pas mourir seul.
On y est allé, on est revenu, on a bu la moitié de la bouteille de JaegerMeister et on a commencé le concert.
Pour jouer il faut descendre au sous-sol, c'était dégueulasse, on était dans un état dégueulasse - Guillaume un peu plus que les autres, peut-être.
Pas grand monde ne nous a suivi en bas, mais Loïc et Booni, si. (Loïc et Booni, batteur et guitariste de Menpenti le groupe qu'ils formaient avec Manu et Nico). C'était gentil. Ils avaient quatre ou cinq bières chacun dans les mains.
Le "concert": je crois que Guillaume a commencé en faisant une blague et en donnant volontairement un coup de baguette foireux sur son tom basse, et que  Manu dirait 24heures plus tard que c'était le seul moment juste, rythmiquement, de notre soirée, mais peut-être que j'exagère.
Quoi qu'il en soit au bout d'un quart d'heure et au quatrième morceau je sens des trucs qui me partent dans la tête ou sur les épaules, je lève les yeux de ma guitare en essayant de ne pas perdre le fil - pas facile à saisir ce soir là- et l'équilibre et je me prends une capsule de bière au milieu du front, je regarde autour de moi, il y a quelques capsules par terre. Booni ne vise pas toujours très bien, mais il me vise. Il me regarde, je le vois, je l'imagine, goguenard. A l'époque, et c'est toujours pareil, mon jeu de scène est basé sur l'immobilité et l'inexpressivité, une grande rigidité digne, le moindre mouvement est une mise en danger de toute façon; ce soir-là Manu et Christophe m'ont l'air presque, presque, au diapason, ils ont clairement trop bu, ils ne se meuvent pas, ils tanguent. Je commence à essayer d'engueuler Booni en le regardant méchamment et en bougeant mes lèvres de façon a dessiner des insultes, il continue. Je gueule et vu le niveau sonore, il n'entend rien, alors comme j'ai acheté un jack de 5 ou 6 mètres et que j'en suis très fier, je quitte l'estrade, je me jette sur lui et, tout en essayant de continuer de jouer ma partie, je lui donne des grands coups d'épaule dans le thorax. Comme j'ai ma guitare dans les mains, qu'il est plutôt grand, je ne peux pas faire autre chose. Il me ceinture, me dit, mais retourne jouer, espèce de débile, je rue vaguement et je m'exécute.
L'avantage c'est qu'après le concert, de retour dans le réduit mis à disposition des groupes, mes hurlements sur Booni et ses arguments sarcastiques - que viennent interrompre le déhanché de Guillaume qui n'arrive plus à marcher droit depuis longtemps mais qui continue de boire, comment fait-il? et qui balance d'une voix de stentor plutôt caractéristique à qui veut l'entendre "c'est l'histoire du rock n roll... nous assistons à l'histoire du rockn roll!" - nous permettent de remettre à plus tard une analyse -un constat amer et sans appel-  de notre prestation désastreuse.

Je précise simplement et démagogiquement qu'à côté de moi Loïc me disait, allez frappe-le, ça fait une semaine que j'ai envie de le faire mais je peux pas c'est mon guitariste, et que Booni me balançait des que si je n'existais pas, si je n'avais pas une certaine importance à ses yeux il ne m'aurait jamais jeté quoi que ce soit pendant le concert, que je devrais être flatté... ce à quoi je rétorquais que s'il n'existait pas, s'il n'avait pas une certaine importance à mes yeux je n'aurais jamais pris la peine de lui hurler dessus.

Et quarante euros dans la main du pédopsychiatre.

vendredi 25 juillet 2014

STU 1tro


Le 25 juillet 2014, dans mon placard, 950, à peu près, disques vinyles de Le STU.

Le STU
En 1996 je rencontre Manu.
En 1998 je rencontre Christophe et dans la foulée Christophe et Manu se rencontrent. Ils aiment beaucoup jouer au foot ensemble, que ce soit en short ou en slip.
En 2006 je rencontre Guillaume. Manu et Christophe ne détestent pas boire des vodkas dans le sous-sol qui donne sur le jardin sans lumière où il vit- que ce soit en écoutant Conflict ou Michel Sardou (Oui je sais ça devient un peu cool mais Guillaume est cool, c'est comme ça.)
A cette date nous sommes quatre et en 2009 nous "créons" un groupe de "rock": The Stu Ungar Story. On va au local 44 - hôtel de la musique, Capelette - on fait des morceaux et puis des concerts. Je répète à l'envi et à des sourires polis mais un peu indifférents que nous sommes le seul groupe punk de Marseille puisque Guillaume n'a jamais fait de batterie, que je n'ai jamais fait de guitare et que Christophe n'a jamais chanté. (Manu faisant déjà un peu tout ça plutôt pas mal, de la basse surtout, depuis longtemps, et dans d'autres groupes c'est évidemment le moins punk d'entre nous, mais il ne faut pas lui dire.)
En 2013 nous enregistrons un album et nous changeons de nom: Le STU.
Mais la date importante c'est 2012. En 2012 , un soir, je dis à Aurélien que vu le tour que prennent les choses depuis quelques années on devrait peut-être aller voir un psy avec les trois autres... Je lui explique pourquoi en lui racontant deux trois choses de notre quotidien de groupe, il me répond que peut-être un pédopsychiatre, ça serait mieux.
Il avait sûrement raison.
Au fait, je suis né en 1978, pour les autres je dis pas, c'est leur intimité, mec.