vendredi 4 décembre 2015

STU8 L'infini debout, en boucle ressasse

Rha, voilà que ma tête est mise à prix maintenant, à prix pas cher, à prix pas cher de ma peau de peu de prix bon mais... mais de toute façon il m'auront pas, ça non ils m'auront pas, je crèverais d'abord d'un cancer du colon, j'affirme, je vais esquiver, j'annonce, je prophétique, j'organique, j'organise mon esquive: canal cholédoque, colère historique, cancer du colon à coup de tablettes de chocolat, aux amandes, au nougat, j'aime pas, même si... mais si j'aime pas, le nougat, ça pue des pieds, ahah, le nougat, à la merde... même pas besoin de boire comme tous les autres, comme tous les copains, venez je vous embrasse, les copains, je vous aime, dans une crise après sevrage où je te remplis un mugg, y a une sorte de Mickey dessus qui te fais des clins d'oeil, c'est torve, je le bois, cul sec, l'oeil de Mickey, lèche, j'en bois un autre, dedans c'est de la vodka, ça faisait trois semaines que je buvais pas, une goutte, pas une goutte, et puis en revenant, pourtant la journée avait pas été plus dégueulasse qu'une autre, pourquoi jeudi, pourquoi c'est toujours le jeudi, j'ai craqué j'ai acheté deux bouteilles de vodka et une de rhum, et maintenant que j'ai fini la bouteille de vodka je remplis mon mugg avec celle de rhum, bouteille, j'en verse la moitié et un peu à côté, je sais pas ce qui me prend je me fous torse nu et en calebite et je vais me foutre devant le miroir et je me regarde et je bois et je me regarde et y un peu de rhum qui coule dans ma barbe, les poils de torse qui frisent et qui blanchissent, ça fait trois semaines que j'ai pas bu, j'ai déjà envie de gerber, ça fait trois semaines que j'ai pas bu, le lavabo, putain j'ai envie que tout cela finisse, tout ça c'est des poses... Ouais c'est ça fais le malin en plus petit con, et tes assassins?
Mais je vois déjà leur gueule à mes assassins: tiens çuilà, le petit relativiste, on le supprime, où il est qu'on l'efface? Ah, olala, on peut pas il est déjà à l'hosto,
Aha, niqués! Cancer du colon.
Bon ben alors on va lui amener des fleurs,
Des fleurs vénéneuses, veinées de bleu, des poisons, des fêlures... De belles fleurs. Des glaïeuls. Et pourquoi des glaïeuls? J'aime pas les gla.. on dirait du plastique, on dirait des fausses, des pétales de fesses... Des glaviots colorés et sous vide. Et puis, et sinon?
Et, et comment, pourquoi qu'ils voudraient mettre ma tête à prix, moi que j'ai jamais appartenu à aucune armée, aucune secte, trop lâche pour ça, trop dubitatif. Dubitatif et alors, dubitatif et ailleurs, dubitatif, dieu gaulois, j'aime pas les gaulois. Par Duby? Tout part du bide. Enfin j'aime bien, parfois; ça dépend, je doute, ah oui je doute, c'est ça qu'il faut dire. De toute façon. Aucun uniforme, jamais, une chemise parfois, toujours froissée, oui, monsieur, de marque, mais froissée.
Snob!
Très snob. Que snob.
Même au foot, chaussettes dépareillées, promis, une jaune, une rouge, et puis c'était pas mes chaussures, jamais à ma taille, de toute façon y a ceux qui te disent il faut prendre une pointure au dessus et ceux qui te disent il faut prendre une pointure au dessous. Et puis de toute façon c'est moi le plus riche, c'est moi le plus vieux, alors je me lave pas et si je me lave pas je vois pas pourquoi je laverai le maillot, hein. Ouais c'est ça, jamais mouillé. Jamais mouillé
- C'est tout vrai: quand y'avait un maillot d'équipe, je le lavais pas, je l'avais, sur le banc, sur le dos, et il puait, je le lavais pas.... je le lave pas votre uniforme, il pue.
Ah ouais rebelle.
Non sale.
Sale con
ble
Une fois pourtant, une fois, c'était je crois le 19 octobre 2015, à 18h30: uniforme. Mais fait main, fait maison. Et puis en rang, en rang d'oignon: derrière à la grosse Bertha, en civil, Guy qui tape sur ses fûts, ses fusils, ses orgues staliniennes, devant, au milieu, au centre, Chris Wadlle en uniforme noir avec en blanc, éclatant dans toute cette ombre sur son torse, écrit sur son stuchirt: le Stu...  Christ W., fin et ombrageux, en train de donner posément ses directives à un public imaginaire... Pendant qu'à sa gauche, Man, uniforme blanc avec en lettres de sang, de la bombe rouge qui bave et qui en met partout: Le Stu, et... carré d'épaules et mentoné, le col serré, qu'on dirait qu'il tient une hache et qu'il la balance, RankZerox est une petite chiotte à côté de lui... De l'autre côté, à  la droite de Robert Chris... moi, tshirt blanc et en lettres roses, rouges et grises - Verlaine en pleine descente d'organes- moi et les manches remontées quand même pour qu'on voie un peu les bras et le tshirt dans le jean, pour faire style un peu skin, mais raide, et ma guitare tenue haute et méchamment comme une mitraillette, disent-ils.
Peut-être.
Il paraît qu'il y a des images de ça mais elles ont dû être effacées le son était inaudible
Mais à part ça, et c'était caché, c'est n'importe quoi, et c'était des tests, de Tshirts, de nouveau set, de nouvelle disposition, c'était pas la grande armée, même pas du petit théâtre, on a même fait chier personne, vu que personne le sait, je vois pas ce qu'on pourrait...
Ahah, n'importe quoi, le gosse...
Je vais pas crever comme ça, ma choute.


vendredi 27 novembre 2015

Polyvox

Coton.
Tige.
J'arrive pas à faire ce que je veux faire, va exprimer une pensée, rendre compte d'une réalité...alors je vais le faire à l'ancienne: à la ligne, même si ça ne s'y prète pas du tout. Et puis changer de cap en chemin, non mais.
Et ça va pas rimer ou faiblement. Uriner faiblement.

Vox1
Tu me diras ce que tu voudras et je sais que j'ai
Mais je vois que ça voit moins bien dans les classes
Moin d'heures dédoublées, que...
D'accord.
D'accord j'arrête de dire ce que j'ai à te dire.
J'arrête de poser et
Et je te pose une question simple: On vit en quoi?
Officiellement
Et c'est quoi
Le but dans une démocratie? C'est de gagner les élections. Or tes problèmes de quartiers...
Difficiles, de zones déshéritées, quatre-vingt-dix pour cent des français
S'en foutent...
On pourrait même ne rien faire...
C'est par principe qu'on aide encore vaguement ces quartiers, parce qu'on n'est pas encore des monstres...

Oui mais je suis pas moraliste, moi, je te dis juste que c'est stupide, et pas à long terme, à moyen terme... Ils sont pas très malins ceux qui ne s'occupent pas
parce que ça ne leur permet pas de gagner des élections
parce qu'un jour ça va être l'enfer,
L'enfer mérité, en plus.

Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Voilà. La lumière douce.
Jacques rit:
Oh, mon ami,
Haha, les amis, quand je vois ce que je vois, quand je sais ce que je sais, je vous le dis:
Cultivez votre jardin.

Vox 2
Au dernier étage, dans la dernière salle
Un peu là où le petit Arthur et Merlin s'installent.
Il est difficile de penser, d'abandonner son opinion, son sentiment, son ressentiment (un des buts de ce travail et que le mot "ressenti", de même que le terme "choqué", doit disparaître, voilà qui est dit) lorsque l'on se confronte aux sujets qui nous touchent et l'idée ce n'est pas exactement d'exprimer une opinion c'est d'organiser une pensée, d'argumenter à partir d'une recherche...
Vous auriez un exemple.
Et bien je vois que vous portez des lunettes et j'ai moi-même été longtemps très myope
Je ne sais pas regarder calmement la myopie.
Et à vous suivre
Je pose la question
Pourquoi vouloir se protéger du regard de l'homme
Pourquoi l'homme ne pourait-il pas faire l'effort
De changer son regard, lui?
Je dis ça je dis rien je pose une question
Oui mais toi t'es féministe
D'accord mais si on essaie de sortir des catégories féministes/ pro voiles et qu'on se pose des questions sur ce que nous pensons
De toute façon
Vous avez raison
C'est un sujet qui m'énerve trop pour que j'en parle.
Et ma copine et moi on sera jamais d'accord
Elles rigolent.
Alors.
On peut changer de sujet?
Elles sont trop copines pour changer de groupe, il semblerait, je ne sais pas, je ne les connais pas.
Quelques minutes plus tard:
Avec B on va travailler sur le statut des armes aux Etats Unis.
Pas de pb, mesdemoiselles
Polivox.
On dit Madame.
Je dis ce que je veux.
Paternalisto.
Eco: ego.

Vox3
(Entretiens avec Mademoiselle Y, et grand merci à Mlle A et à tous les damoiseaux et demoiselles qui, sympas, lui ont emboité le pas)
Au rez de chaussée les grandes portes et les grandes fenêtres
Laissent pénétrer une lumière verte
A cause des feuilles des platanes qui la troublent
Oui mais revenons au sujet et par exemple à la caricature
De Cabu où Mahomet dit: ils sont cons ces arabes...
Silence. Silence Dégueulasse. Mérité. Mériterait un point d'exclamation dans la gueule.
Silence qui dure. Comment ça va exploser?
Oh, ça explose de rire:
Haha alors là, Monsieur, il est incroyable votre lapsus!
Oui, enfin vous voyez ma véritable personnalité, sous mon vernis de tolérance et, c'est une mode dont je joue depuis longtemps, de bienveillance:
je suis, de fait, islmophobe, raciste, homophobe, antisémite...
(Pas le temps de finir et de profiter, dédramatisation non méritée.)
Monsieur,
Monsieur, on sait que c'est vous mais ce que vous dites c'est tout le temps qu'on l'entend et c'est grave, vous avez confondu croyants et arabes et moi j'en ai marre qu'on confonde musulmans et arabes, qu'on confonde musulmans et islamistes, arabes et terroristes...
Mlle Y s'indigne et il semble qu'elle ait raison.
Je sais..
Et alors qu'est-ce qu'on peut faire?
Ce que vous faites, le dire et expliquer.
Et me remettre à ma place, gentiment, poliment.
Et pourquoi il faudrait expliquer, répéter, c'est épuisant...
M. X la coupe à son tour, vous savez, lui, dès qu'il peut, il parle:
Pourtant répéter c'est ce que je fais tout le temps, vous le savez et il me semble qu'à partir d'aujourd'hui il faudrait que ce soit ce que vous fassiez toute votre vie, voilà c'est ce que vous
Allez faire toute votre vie, vous commencez aujourd'hui. Je trouve aussi que c'est épuisant, je ne pense même pas que ce soit juste mais c'est comme ça il faut le faire.
Il me semble que c'est un moindre mal.
C'est ce que vous allez faire toute votre vie.
S'il vous plaît.
Si cela vous plaît.

Impoly?
Et moi je pense quoi?
QUi je suis, hein,il faut le dire? Il faut être.
Moi je m'appelle Saintpoli et je suis vaguement anticlérical. C'est paradoxal mais on choisit pas
Toujours son nom ( ça aurait pu être (s)impoli, simplement, regardez à quoi ça se joue, quelques chromosomes.).
Vaguement anticlérical mais attention vaguement tolérant.
Une papa, Un maman pour tous les enfants!
Vaguement anticlérical parce que méfiance
Méfiance physique,
Comme un réflexe, la peau qui se dresse
Et une immense panique
Même si souvent acceptation logique
Méfiance, tout le temps se méfier des systèmes de pouvoir,
De tous les systèmes de pouvoirs
Alors quand en plus ils se fondent sur une transcendance: double méfiance.

Anticlérical mais pas  antireligieux, encore que, allez, oui, sympa le mec même si en vieillissant je me rends compte que ma zone de confort c'est une sorte de polythéisme à la... antiquité grecque,
- j'ai rien contre le désert je trouve ça beau et me fait même un peu rêver, je veux le visiter mais...
des sources, des nymphes et Dieu qui déconne autant que toi, qui connaît de terribles problèmes Domestiques...
Héra a oublié de fermer le robinet du lavabo
Et Zeus a encore couché avec le plombier
Il est un peu pd
J'aime.

Mais soudain je me souviens avoir vu
Il y a un mois passant gare de Lyon avec mon frère
Un crapuleux, une racaille (je précise que je crois que ce sont des mots que je n'emploie jamais) en costume deux pièces: bas de survèt de l'inter de Milan et haut de survèt de l'inter de Milan, assis
Devant le piano, le piano des gares et jouant, plutôt très bien
D'après mon frère en qui j'ai totalement confiance
Un morceau classique, peut-être était-ce du Mozart pour faire plaisir à ce couillon fané de SaintExupéry,
Qui avait l'air compliqué et qui résonnait extrêmement harmonieusement sur les parois vitrées de la fin de notre week-end.

On a rigolé, contents.

Mais je me souviens aussi
Que passant une nuit
Dans Paris, et parce que j'avais les cheveux vaguement longs -ils on tendance à friser- et des petites lunettes rondes et une fille à mon bras -j'insite lourdement sur ce rare détail -  deux racailles crapuleux (je précise que je crois que ce sont des mots que je n'emploie jamais) dont je ne sais plus s'ils étaient en costume deux pièces Inter, Réal ou Chelsea ou habillé tout à fait autrement
m'ont traité
de sale juif -à mon avis parce qu'ils avaient envie de baiser et qu'ils pensaient que peutêtre moi oui ce soir et eux non.
Les pauvres si ils savaient.
Mais cela n'est pas très intéressant, il pleuvait doucement dans la ville et cela faisait des petites irrisations sur mon uniforme en laine.

Je sais que nous sommes tous interchangeables, Coney Island grand roue Baby mais
Il faudrait que tout le monde balance, Coney Island grand roue Baby
Une dernière question: qu'est-ce qui se passe le jeudi?
...........................

Qu'ils sont cons les pauvres gens qui confondent gentillesse, politesse et faiblesse.
Qu'ils sont dommage
Et quand
On me traîte de sale juif, de sale arabe, de sale pd, de sale blanc, d'hypocrite, de lâche, d'impossible raté à la mémoire qui tâche, de nègre, bounty, de juste milieu -oh les pauvres caves qui vous traitent de juste milieu...
Je peux lever
Les yeux au ciel et sourire tendrement
Ou bien serrer les poings et les dents
Prends toi ça dans les tiennes mon agnélisme petit bourgeois
Je suis aussi un animal qui boit
Le sang de ses joues quand il serre
Loup Saint Coléoptère
Et envoyer un coup de pied dedans
Les genoux,  toujours viser les articulations
les briser, puis les flancs
Et continuer à ruer dans le torse,la cage thoracique
et déboiter...
ça suffit
Je sais
Rien n'est réglé
Je prends tout pour moi.
Conclusion:
Amplicateur vox?
Vous me semblez être un bon polytox,
Oui.
Oui...
Pas même un polytraumatisé?
Ce serait peut-être plus mignon.

vendredi 20 novembre 2015

STU7(SixZéro)

Il y a eu une époque où, épris de grandeurs, le réel, tel le filet de morve de l'Alien qui va vous désosser et sous lequel vous tremblez confit dans votre pisse, l'a bien rattrapé depuis - il vit en effet maintenant dans douze mètres carrés,
il y a eu une époque
donc
où,
épris de grandeurs,
Gui habitait au sommet d'un immeuble
qui avait servi de siège à la Gestapo,
possédait un toît terrasse sur lequel il faisait vivre une vingtaine de chats, vas-y Bébert,
et embrassait de son salon à travers une baie vitrée, flambante, la rue, la ville, les montagnes environnantes.

C'est ici au milieu de cette munificence qu'il fabriqua avec ses auxiliaires, Je et Mo, les tshirts du STU.
C'est tout. Mais
Recette de fabrication d'un tshirt de le Stu:
_ un tshirt (blanc, noir, gris, L, M, XL, S)
_ un logo (création Jayce stud)
_ un pochoir (fabrication de Je)
_ de la peinture (noire, rose, blanche)
_ des feutres, des pinceaux des cartons.
_ de la créativité (Je, Gui, Mo)
_ quatre heures
_ une dizaine de bouteilles de bière (qui n'a jamais lu Astérix et Cléopâtre me jette la première, bière.)

Quatre heures plus tard:
_ Mais tu fais n'importe quoi!
_ C'est pas ma faute mais... qu'est-ce qu'il boit ce Tshirt...
Mo qui ne boit pas d'alcool n'a pas eu besoin de regarder le cadavre des bouteilles pour éclater.
De rire.
Comme tout le monde à sa suite.

Deux jours plus tard, au moment de la présentation des Tshirts, à la question: qu'est-ce qui s'est passé sur ceux là?
Hésitation.
Et puis:
_ Ils ont été faits en dernier.
_ Mais, on n'est pas censé s'améliorer au fur et à mesure que l'on pratique?
_ OUais mais c'est des Tshirts qui boivent beaucoup.

 Je tiens à préciser qu'en refaisant des Tshirts avant hier, pleins, je me suis rendu compte que la peinture en espace confiné ça ennivre un peu et pendant que j'essayais de rattraper, pauvre chou, au feutre, un tshirt multicolore parce qu'il ne restait plus de peinture dans les bombes je pensais à cette phrase de Trust que je n'ai pas trop honte de recycler: il ne faut jamais hésiter à remonter sur la scène de la vie que certains voudraient que l'on occupe plus, que l'on occupe plus.

En plein milieu d'une digression fumeuse et cliche, oui, cliche, sur le fait que parfois clamer son nom cela ne signifie pas : moi je moi je moi je... mais: vie vie vie, la personne derrière ne dit pas, associez, associez, espèce de malfaiteur, mais: très bien, à la semaine prochaine.
Ah? 
Dans une sorte de confusion liée à l'instant, au lieu de tendre la main à son psy, dans le geste habituel et sacralisé pour dire au revoir, il faillit le prendre dans ses bras.
Il en était aussi confus que certaines phrases et s'arrêta en chemin.
Il vit sur le visage en face un petit sourire ironique et bienveillant. Une sorte de tendresse lucide mais pas désabusée.
Il sourit aussi.
Au revoir
Au revoir.
Que cela ne vous empêche pas de me payer.


jeudi 12 novembre 2015

DjangoFootball1

Il venait de se faire couper en deux, pas volontairement, il était dans un état bizarre: il arrivait plus à respirer. Parmi ceux qui l'entouraient y en a un ou deux plus vieux qui rigolaient: souffle coupé, respiration, c'est pas grave, ça va revenir - l'attaquant lui était rentré dans le bide, il était tombé sur le dos, tout simple. Oui, tout simple, mais qu'est-ce qu'il avait peur. Trente secondes plus tard la joie de vivre et de respirer normalement, putain, mais quelle panique, avant cette joie: je vais crever, je vais crever, je vais crever. C'était sûr il allait crever. Et puis non.
ça fait bizarre, hein?
L'entraîneur a dû bouger de trois mètres: on reprend ses places, on recommence. En hurlant. Comme d'hab. Allez, les yeux qui piquent, le sable,
repartir en courant.

Le soir en rentrant: c'était bien l'entraînement?
Ouioui
Et tu as fait tes devoirs?
Ouioui.
Va laver tes chaussettes, elles puent.
Oui Maman.
Sa mère voulait bien qu'il fasse du foot, elle était pour, mais hors de question de laisser ces 4 puanteurs, l'hiver il superposait toujours deux paires, longues et horribles, au sale pour contaminer le reste, et hors de question qu'elle les lave. Elle avait des idées sur la répartition des tâches hommes/ femmes qui n'étaient pas les mêmes que celles de ses copains et des parents de ses copains. Il leur disait pas.
Lave-les à la main tu vas encore niquer la machine avec ces graviers de merde.
Le gravier rouge du stabilisé.
Les deux chaussettes d'une des deux paires étaient complètement trouées au talon. Les deux autres n'allait pas tenir longtemps.
On mange quoi?
Elle faisait super bien à bouffer, quand ça lui prenait.

Chez son père c'était plus cool il mangeait des pizzas et les chaussettes il les mettait au fond de la chambre, elles puaient quelques temps et puis il les mettait dans le lave linge. Chez son père il en avait trois paires, ça suffisait pour la semaine et puis il les remettait sales, il s'en foutait, s'il allait jouer avec des potes. L'entraînement il avait bien compris qu'il fallait y aller propre, sa mère voulait presque qu'il se lave avant. Et qu'il se relave après.
Il détestait se laver mais quand son père lui avait dit: ta mère, elle me dit que tu fais semblant de te laver; ça m'emmerde qu'elle m'appelle, qu'elle m'emmerde avec ça mais ça va être simple: si je vois qu'après la douche tu pues, ou si elle me dit que chez elle, après la douche tu pues, je rentre dans la salle de bain pendant que tu y es et je te défonce à coup de claques. Et interdiction de mettre du déo ou du parfum. Maintenant le déo et le parfum tu les mets dans ta chambre et tu les mettras dans ta chambre, après la douche. Et je te renifle quand tu sors de la salle de bain, et déjà ça, ça me plaît pas comme idée.
... tu les mets dans ta chambre... tu les mets dans ta chambre... tu les déposes dans ta chambre... je veux plus les voir dans la salle de bain...et après la douche tu retournes dans ta chambre et tu mets ton déo... tu te le passes... Tu le fais.

Il savait pas si c'était une bonne chose ou pas mais il avait tendance à croire son père.

Et puis il s'était rendu compte que c'était beaucoup plus rapide de se doucher que de faire semblant en se laissant couler de l'eau bouillante dessus en attendant qu'il se passe quelque chose.

Le match est dans trois heures et il pense à ça.
Il va avoir X dans sa zone de marquage et X est hyper fort mais c'est surtout que c'est un putain d'enculé, qu'il va passer son temps à l'insulter à voix basse et à lui filer des petits coups à la con, il est vif et c'est une caisse. bref l'enfer. Mais après, lui aussi il est fort et il le fait deux fois, il commence à être un peu connu dans le quartier et il sait que X, c'est possible, il est en train de se chier dessus. Si il me passe pas entre les jambes ça va.

lundi 7 septembre 2015

HaïKick.

Se faire doubler par deux vieilles anglaises aux couleurs passées
Sourire quand même à la boulangère
Sous les grains de pavot qui emballent son front
La peau tendre de l'éléphant.


jeudi 3 septembre 2015

Pot pourri, pas de bol.

Tais-toi, tais-toi, mais ferme ta gueule, ça sert à rien à part te mettre en porte à faux plus que de raison, et puis... même pas, petite goutte d'eau prétentieuse, petite goutte d'eau moins salée qu'une larme.
A fond. Un coup de faux derrière la porte.
Septembre: année qui s'approche de la fin, 2015 sur la pente descendante.

D'abord, parler de, la mort de, Coyote (le dessinateur de Little Kevin). Mais Pourquoi?
Parce que mon tapis de souris actuel c'est FLuide Glacia40 ans. Et alors?
Alors, au delà du fait que ce soit nul en tapis de souris, ça me rappelle que la page que Coyote a dessinée dans ce journal, page dans laquelle il se représentait sous les traits d'un Coyote métamorphe (ça fait mac, hein, métamorph? Non. Ah bon et puis c'est pas le bon mot: on dit: personnifié) à sa table de travail, téléphonant avec Lindingre, s'allumant et fumant rigolard un crayon, ou disant "J'aimerais pas remonter à vélo tout ce qu'on a descendu! HaHaHa!",
cette page s'intitulait, s'intitule:
"Pour qui sonne le glacial"
Après ça, quelque temps après ça, il meurt.
Et le titre résonne un peu différemment. Et je trouve ça "classe" - puisque j'imagine bien qu'il a réalisé ces planches et choisi son titre en sachant qu'il était malade.

De ce point de vue, clin d'oeil rieur ou railleur à sa propre mort, façons inutiles mais gentiment frondeuses face à ce gros problème et ce petit scandale qu'est la disparition des autres et de soi, celui de Molière - considéré par certains, et pas forcément à tort, comme étant avant tout un suceur de queue royal, pardon royale, royal on sait pas-  est pas mal du tout:
Molière donc, malade à crever - repétons ce mot- il crèvera dans ce rôle, presque sous le feu des projecteurs comme Dalida au journal de treize heures, Molière joue le personnage d'Argan, malade imaginaire et chiant - ils passe sa vie avec des lavements dans le cul, donc très chiant... Mais il arrive un moment où il faut bien dire les choses et il arrive un moment où le personnage d'Argan s'énerve et parle de Molière, car son frère lui propose d'aller voir une de ses pièces se moquant des médecins, en ces termes: "si j'étais que des médecins, je me vengerais de son impertinence; et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours. Il aura beau faire et beau dire, je ne lui ordonnerais pas la moindre petite saignée, le moindre petit lavement et je lui dirais:"Crève, crève! cela t'apprendra une autre fois à te jouer de la Faculté."
Voilà qui est bien dit pour parler de soi.

(_ Pas de biographisme, on se fout de la vie des auteurs, ce qui compte c'est ce qu'ils font, écrivent, peignent, créent!
_ Boaf, ok. De toute façon il n'y a pas de biographisme: je ne connais pas Molière et Coyote, ce sont des personnages, parmi d'autres, des personnages de leurs oeuvres.
Et hop.)

Tiens, j'y pense maintenant
Menpenti, groupe, devrait rejouer deux fois en concert en octobre. Et alors? Et alors se souvenir d'à peu près cette phrase d'un de leurs morceaux, phrase que je déforme et qui n'existe peut-être pas mais qui va bien avec le reste: "il lui a dit: si tu bouges, je te casse les doigts...le brigadier a bondi."
Voilà une attitude, dans ma tête, certes rocambolesque et poseuse mais qui ne manque pas de panache. Quand la mort nous dit de ne pas bouger, bondissons pour qu'elle nous tue. Amen.
Si j'étais intelligent je m'arrêterais là, mais

2015 sur la pente descendante.
ll ya douze heures, hier,
là je me retrouve sur Facebook et de liens en liens avec des gens qui disent c'est pas bien de montrer des dessins pédophiles: pétition. D'autres: c'est pas bien de censurer: pétition.
Explications: LafrichedelabelledeMai (Marseille) aurait organisé avec l'aide d'une subvention -minime... une goutte d'additif même pas très salé si on regarde un peu comme moi la belle folie du marché footballistique mondial et surtout anglais... soit dit en passant plus le temps passe plus l'inexplicable frisson de dégoût que j'avais ressenti dans les rues de Londres en y passant en 2002 semble se justifier (Je suis désolé Mme Dalloway je vous aime quand même plus que tout): j'ai décidément du mal avec les fonctionnements purement mercantiles et m'étonne qu'on parle encore fièrement de liberté ici et je trouve évidemment qu'il faudrait moins s'inquiéter de certains investissments d'Etat que de certains investissement privés mais reveonons à nos pédomoutons, car, oui, c'est de cela qu'il s'agit : LaFricheDeLaBelleDeMai (Marseille ) aurait organisé - avec nos sous c'est ça qui est grave finalement paraît-il- une exposition pédophile...
Ha bon? Je vais voir les images sur les sites des auteurs, pesant le pour et le contre, ne suis pas trop choqué, (pas excité non plus, donc un peu déçu, bien sûr) par ce que je vois - mais il faut que je précise que je n'ai pas tout regardé et que je ne suis pas certain non plus que les images que j'ai vues soient celles qui sont exposées à la Friche. J'enchaîne alors, je découvre avec joie le site BoulevardVoltaire (le pauvre vieux, il deviendrait fou, et qu'on ne me dise pas qu'il pensait ou penserait comme ça à l'heure actuelle... à la stricte rigueur j'en sais rien du tout et je m'en fous  mais une chose est sûre: la pauvreté et la mollesse des écritures que j'y ai lues suffisent à me faire penser qu'il aurait vomi... C'est un peu comme si j'ouvrais un site antisémite, que je l'appelais QuaiCéline, et que j'écrive comme BHL... j'y reviendrai) et je me rends compte que ce que dit la personne du site c'est le vide absolu à part l'argument sur l'argent public mal utilisé ce qui peut prouver en passant que la morale n'est qu'une pauvre excuse...Poujade était un génie à côté.
Alors?
Alors les dessins? Et moi? Tu penses quoi, toi, enfin moi?
Moi d'abord je pense immédiatement qu'à suivre ce qu'explique la madame de BvdVoltaire ça doit pas être bien non plus de montrer un homme qui tue son père, qui baise sa mère et qui se crève les yeux mais que ça faisait malgré tout pas trop chier la cité grecque de filer de la thune pour qu'on représente cela... Mais je me dis que c'est pas le moment d'expliquer la Catharsis et que pour en parler vraiment il faut voir et écouter ce dont on parle et comme ce que je constate surtout c'est que eux comme moi n'avons pas vu l'expo, qu'ils n'ont fondamentalemnt aucun argument, aucun exemple, aucune preuve, this is entertainement and merchandising,  bref ils s'agitent comme moi présentement.
Ils n'ont aucune
Classe?
Classe? Pourquoi?
Pour faire le lien avec Coyote et Molière?

Non: aucune élégance. Parce que l'élégance c'est plus délicat que la classe, ça demande un peu de temps, ça demande de regarder attentivement encore plus que d'être attentif à ce que l'on montre.

Et le lien? Qu'est-ce qu'il nous parle d'élégance, ce taré, pour parler d'absence de pensée et d'agitation vaine?

J'y arrive: le pb depuis le début - de l'article:
Reiser te manque:
par exemple lorsqu'il y a eu les attentats de CHebdo, bon on va pas parler de ça mille ans, ce n'est pas de vous que je parle, masseur, mais c'est un bon moyen de parler de plein de choses; au moment des attentats j'ai pensé avant toute chose à deux dessins de Reiser. J'en ai pas parlé sur le coup parce que c'était un peu violent et que la violence ça suffisait mais maintenant je ne parlerai que du plus spectaculaire, celui qui me fait le plus rire - quel malheur de le décrire et d'en enlever tout le sel: une pleine page, une phrase en haut, du genre : dans les pays musulmans les mariés doivent exposer le drap de la nuit de noces pour prouver que la mariée était bien vierge; dessous, au balcon, le couple hilare agite un grand drap dégueulasse principalement marron et hurle un truc comme: désolé on voit rien, on a chié dans les draps; en bas les gens font un peu la gueule.

Classe? Elégant?
Et bien oui: je trouve que ce couple qui montre ses draps tachés de merde et éventuellement de sang, mais pour le sang ça ne nous regarde pas, en riant ne manque pas d'élégance et de pudeur pour dire au monde qui les emmerde: nous nous aimons comme on veut.
Putain que c'est beau, j'en ai des frissons.
Et alors?
L'envie d'écrire comme Reiser dessine?
Mais oui, souvent, mais non, et vous?: fais, faites, faisons à ta, votre, notre, façon, même si c'est moins bien.
Voilà c'est tout?
Ah oui BHL, j'avais dit que j'y reviendrai.
Quand on a demandé à Kusturica pourquoi il refaisait du cinéma alors qu'il avait dit qu'il arrétait il a répondu: quand je vois ce que BHL fait au cinéma je me dis qu'il faut que je fasse plein de films.
Voilà une chose réglée et je n'ai aucune idée de la façon dont BHL écrit, il écrit certainement mieux que moi, mais de toute façon cette notion de "bien écrire" est tellement restreinte, tellement limitée... Trois points de suspension et voilà une deuxième chose réglée.
Et l'anstisémitisme?
En petit comité, avec des amis, ou des gens de passage qui peuvent éventuellement être choqués mais avec qui on peut parler, rétablir, expliquer, s'excuser, demander pardon, relancer "entre nous" comme dirait le suceur de queue royale, deux des mamelles principales de mon humour sophistiqué et glacé - je n'aime pas trop cette expression mais là je suis obligé de la prendre- sont les blagues pédophiles et antisémites -surtout des jeux de mots abscons et tirés par les cheveux, soit dit en passant, je joue avec les mots comme un petit enfant. Olah. Attention.
Oui, attention:
Quand je fais une blague antisémite, c'est toujours moi le juif, et si je fais une blague pédophile, c'est moi l'enfant. Et si face à moi il y a un juif ou un enfant, je ferme ma gueule.
Sauf si on sent que ça peut les faire rire, alors là...
- Ah oui, important, la preuve que je suis gentil: Une fois j'ai fait une blague antisémite et la personne en face de moi, qui l'était, antisémite ou sympathisante, ce que je ne savais pas, a ri au premier degré.
J'ai eu mal au ventre pendant une heure - c'est pas beaucoup, c'est pas assez mais surtout c'est bien fait pour ma gueule.

Je crois que là j'ai fini; on a compris là où je voulais en venir et par quels chemins je passais, c'est sûr... pas besoin de préciser beaucoup plus, tout le monde sait par exemple que Molière n'a pas eu trop droit à un enterrement un peu catholique ou que Reiser est mort à quarante-deux ans d'un cancer, que Celine était globalement antisémite mais que VoyageAuBoutDeLaNuit ne l'est pas, que Marcelo Bielsa laisse un vide et que... ça suffit, goutte d'eau:

Embrassades par milliers.
Même le psy a droit à son bisou si elle/il est pas timide.

lundi 16 février 2015

STU 6 thématiquement

Prologue
Ma dernière chronique non stuienne (Stu3) parlait très indirectement et plus qu'allusivement de la disparition des corps, celle de ceux des dessinateurs de Charlie Hebdo notamment, et de la façon dont on peut gèrer la disparition du corps dans l'écriture.

Pour très vite passer à autre chose et être d'accord avec une des raisons pour lesquelles Laurine (lien en bas à droite, yourte weldom, gueurl) a quitté les lieux facebookiens je considère moi aussi que cette disparition du corps peut y devenir inacceptable et très dérangeante... Discuter avec des gens sans voir leurs yeux ou leurs mains - rouler des clopes avec douceur ou découper des patates extrêmement brutalement... déjà que la disparité entre publication et commentaire et la dimension publique de la discussion pose les bases d'une conversation bien déséquilibrée...

Mais je vais continuer comme j'ai commencé,
écrire mes articles de blog et les mettre en lien.
Pour faire de la pub comme un connard?
Oui, sûrement,
tu parles, comme c'est efficace,
mais surtout pour honorer une promesse intenable que je m'étais faite : arriver au chapitre 50 des chroniques du Stu. Le chapitre L en latin, "Large" en tshirt.
Putain je vais jamais y arriver.

Fin du prologue.
Go
J'ai 36 ans pour quelques jours encore j'ai 38,5 de fièvre depuis trois jours... j'ai un peu chaud. J'ai passé les 96 dernières heures enfermé dans un camion et dans mon appartement. Je suis sorti du camion pour garder la place où Guillaume allait le garer. J'en suis aussi sorti pour jouer 50 minutes dans un bar avec le STU. J'ai eu un regain de forme qui m'a permis de sortir 4h avec mes amis après le concert.
Je me suis pas mal amusé et ai oublié l'état général de la maison.
Il faut avouer que ce regain de forme était lié certes à la tension nerveuse inhérente au fait de jouer sur scène (une scène de trois mètres carrés soit dit en passant mais ça suffit largement) et  à la détente joyeuse qui y succède
mais surtout à quelques litres de rhum.
-Oui autant la dernière fois c'était les points de suspension là c'est les passages à la ligne.
Six thématiquement
"Je bois systématiquement pour oublier les amis de ma femme."
Boris.
Huit.
Six.
Oui je le constate, je l'affirme, je l'assume: je ne crois pas qu'il y ait une chronique stuéenne, oui on peut dire stuéenne et stuienne, on peut même dire Stu Ellen, qui ne parle pas, incidemment, d'alcool.
Pourtant la dernière fois qu'on est allé à Bordeaux on n'a pas bu.

La preuve, je n'ai pas grand chose à en dire.

Images du trajet: je conduis le camion de Manu. A ma droite: Christophe, hyper stressé. Derrière: des covoitureurses qui se demandent pourquoi on a le visage fermé, pourquoi on dit rien, pourquoi le mec qui a commencé en souriant et affirmant qu'il roulait toujours presque lentement est à 130-140 sur la file de gauche alors que ça semble encore plus ronger son camarade. Arrivée à Toulouse, on récupère Guillaume, extrêmement enjoué pendant 1mn. Il prend le volant et conduit à fond sur la file gauche. Christophe et moi ne disons pas un mot. Quelques grognements. On arrive à Bordeaux. On lâche les covoitureurses et on récupère Manu qui fait une blague. Nous le regardons tous les trois d'une oeil torve. Il dit un truc du genre "et bê belle ambiance", il n'ajoute pas que lui aussi ça lui fait plaisir de nous voir et qu'il serait presqu'en train de regretter ses six heures de trajet pour descendre de Paris ou de Nantes mais comme il sent qu'il ne lui sera rien répondu ni de négatif ni de positif, simplement des regards noirs, il ferme sa gueule. Il doit quand même siffler. Histoire qu'on sente bien qu'il ferme sa gueule.
Dès qu'on est garé Guillaume se casse. Officiellement pour visiter. Les quais, n'importe quoi. Va pas te jeter dans l'eau. Comme Christophe a le dos tourné on se dit avec Manu que ça doit être plus pour éviter de commettre un meutre qu'autre chose... ça nous fait un peu sourire.

Le concert: quatre personnes dans le public dont trois membres de l'autre groupe et le patron de la salle qui fait le son en buvant des 8.6.
Le concert de l'autre groupe: c'est hyper violent pour des gens épuisés et désolés. On n'arrive pas trop à rester les regarder, écouter, on tourne un peu... On voudrait aller se coucher. C'est un peu la honte. Le patron de la salle qui en est à sa dixième 8.6 et sa copine doivent nous loger chez eux. Ils nous ont superbement fait à manger, on est confiant. Alors après le deuxième concert on remonte tous, on discute tous, on se dit qu'on va aller se coucher, le patron dit: "oh, on ira tous ensemble, on a le temps de boire quelques verres, les gars. " On dit déçu mais je te jure ça se voit pas: c'est vrai, il a raison.
C'est un surhomme: avec ses 8.6 il fume des joints qui sont épais comme ma cuisse (j'ai fait du judo). On papote tous tranquillement, Christophe s'est couché sur une banquette du bar.
A la quatorizième 8.6, il est trois quatre heures du mat, on va se coucher et là, Guillaume: "Manu, passe moi les clefs du camion je vais pas dormir là-bas, je peux pas"... je vais dormir merveilleusement dans le camion.
Comme Manu sait que c'est impossible de le convaincre de venir dormir avec nous - c'est soit dit en passant plutôt abherrant d'aller dormir dans le camion vu la température extérieure - il lui dit qu'il a laissé les clefs du véhicule dans le sac à dos qui est au fond du bar fermé à double tour. Je souris même pas, tellement j'imagine qu'il est possible que Guillaume comprenne que Manu ment et je sais comme Manu que si on veut faire d'autres concerts il vaut mieux que Guillaume ne dorme pas dans le camion mais avec nous quoi que cela lui coûte, le pauvre chou. Notre piégé est pâle comme un linge, hésite à appeler des hôtels, ne le fait pas, se balance d'un pied sur l'autre et se couche dans un dortoir mi film d'horreur mi coulisse de théâtre en faillite au XIXème siècle (ce qui est souvent le décor d'un film d'horreur) au dernier étage d'un immeuble dans le plus petit des couchages car il sait que personne ne pourra l'y rejoindre tandis que Christophe et moi prenons les lits superposés en métal de la Ruhr et que Manu se sacrifie en prenant un des lits deux places dans lequel le rejoindra un des membres de l'autre groupe quand ils auront fini de faire la fête à l'étage inférieur avec nos hôtes, les cinq ou six chats des lieux et les neuf ou dix bouteilles d'alcool blanc qui les y attendent. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire (le décor évoquerait presque à ce moment la tour où loge Merlin au château de Walt Disney ou bien la maison parisienne en ruine où jouent les aristochats - avec des odeurs en plus quand même) lorsque je vois Guillaume sur le dos en position de vampire, il tique, je dis que j'ai un peu l'impression d'être en colo il répond:
"Putain, j'ai quarante ans, moi, j'ai passé l'âge de ces conneries."
Comme on avait rien à faire d'autre on a dû rire comme des cons pendant un quart d'heure. Répéter sa phrase, rire pendant un quart d'heure, répéter encore sa phrase, rire pendant un quart d'heure...
Je crois que que quelques quart d'heure plus tard, lorsqu'un mec de l'autre groupe est monté en se cognant et en riant pour se coucher dans notre colonie et qu'il a sagement battu en retraite et dormi dans le salon parce que Christophe lui a hurlé dessus d'une voix sifflante de nous foutre la paix, je crois que Guillaume a failli se lever pour serrer son chanteur préféré dans ses bras.
C'est tout.
Ah oui au retour on a laissé Guillaume à Toulouse et Manu à Nîmes. On y a passé la soirée tous les trois avec Joan et chez Joan et le lendemain avec Christophe on est reparti vers Marseille.
Lui et moi étions plus que grisâtres et puants mais on a réussi à faire rire- un peu nerveusement malgré tout - les covoitureurses que nous avait prévu Guillaume.

A Nîmes on a un peu bu, trop, j'ai même failli me battre avec un barman, ou me faire tabasser, au choix, qui refusait de me servir encore une fois... ça ne m'arrive qu'à Nîmes. Nîmes est une ville violente.

PS1: même maintenant Guillaume n'a pas quarante ans.
PS2: les 44 chroniques suivantes seront sûrement des haïkus.

mardi 20 janvier 2015

(STU3)

C'est pas moi - moi je suis bélier.
Bref, ouvrez les guillemets:

Aimez-vous votre époque?
Bê, j'ai guère le choix, hein... Ouais... elle est passionnante... même si à moment donné je me suis toujours un peu projeté dans l'ancien temps... Sinon au Moyen-Age du moins au début du siècle... A moment donné où y avait moins de, moins de technologie moderne... les moyens, les moyens de communication étaient plus... rares et beaucoup plus... à l'échelle humaine. C'est peut-être ça qui me manque...
Mon époque.. elle est préoccupante, mon époque, quoi, notre époque, cher ami... elle est troublante mais elle est passionnante... Les moyens de communication accélérés et très pointus c'est très troublant... Bon, à mon avis les humains ils restent à peu près les mêmes qu'à d'autres époques, mais.... Mais... il ya un moyen d'avoir un point de vue sur l'ensemble du monde ce qui est très très, ce qui donne pas mal de confusion parce que c'est difficile de s'intéresser, d'être concerné par tous les bonheurs et tous les malheurs qui se passent sur la surface de la planète... Ouais mais... moi je trouve que ça vaut vraiment la peine de vivre à cet époque.

L'argent?
Woaiaiaiai... L'argent c'est un drôle de truc... L'argent c'est compliqué, c'est un encombrement, c'est...il faudrait pouvoir s'en affranchir. Et puis effectivement l'argent c'est extrêmement dangereux...Plus on en a et plus on a peur d'en manquer et quand en on a pas on en a besoin aussi... Je peux pas supporter... C'est paniquant... Et puis j'ai réévalué ça quand j'ai commencé à avoir la responsabilité d'une famille nombreuse, rapidement, donc une responsabilité financière par rapport à des êtres vivants qui m'étaient chers et proches... Déjà je trouve ça, de pouvoir vivre, faire vivre une famille avec ce truc qu'est du vent, ce métier de comédien qui ne ressemble à rien... bon ça me plaît, ça n'empêche pas . Je trouve ça miraculeux...
Et...
Votre vice?
Aie, aie aie, aie... mon vice... Je dirais que j'ai une certaine forme de vice qui peut être une propension à l'introspection... heu, c'est-à-dire: le doute... l'atermoiement c'est... à prendre... tiens: si je me retrouve dans une corrida, spectateur -j'ai jamais été dans l'arène, je vais pas être convaincu du parti que je dois prendre, entre le taureau et le torero. Et, y compris dans une dispute... familiale... ou sociale... j'ai tendance à me mettre à la place des protagonistes des deux camps... déjà que je suis double... je suis gémeaux... j'irais pas jusqu'à dire bipolaire, c'est un peu facile, "bipolaire"... c'est un mot à la mode...
Cet atermoiement qu'est vicieux, qui ne me sert pas forcément, quoi... qui est plutôt un embarras, qui... ça met surtout moi dans l'embarras. C'est un drôle de truc que j'arrive à dépasser dans le jeu... les deux... se rassemblent parce que, bon, c'est canalisé, dans un...,une entité.

Fermez les guillemets.

Denis Lavant.
Interview vidéo du 04/O7/2012
Retranscription de je avec raccourcis et points de suspension (Moindre des choses).
- Faire disparaître le corps, la voix, et mettre des points de suspension à la place, donc.