jeudi 6 novembre 2014

STU 5: bagnoles : 5 places

Nous allions à Eygalières.
Nous avions loué un camion, énorme, au fond de la soute duquel l'ampli fender, l'ampli vox, l'ampli basse, la batterie et les guitares semblaient minuscules.
A l'allée Manu conduisait, le camion avait été loué avec les papiers de Christophe et va savoir pourquoi Manu n'avait pas le droit de conduire... il avait dû perdre tout ses papiers, et Christophe était un peu stressé par ça...il soufflait contre la vitre latérale en battant mécaniquement de l'épaule, verdâtre, alternant les sifflements haineux contre les automobilistes et les: putain, je te fais confiance Manu, j'ai confiance en toi Manu, je sais qu'il va y avoir aucun pb, t'inquiète pas, j'ai confiance... Je crois que dès la première halte sur une aire, il était passé rapidement à l'arrières se détendre et nous détendre, passé à côté de Guillaume et Florent avec qui il avait pu faire des blagues de cul et rire hyper fort.
Oui Florent était là, il avait un paquet de MMs et une bouteille d'eau et Guillaume, ravi d'avoir un être un peu nouveau avec lui, lui expliquait ce qu'il tapait sur Google.

Nous allions à Montpellier.
On avait pris la Xsara, grise, ma voiture qui n'était pas à moi et notre voiture de base. La base. La basse sur les genoux à l'arrière de Christophe, Manu et Stéphane, les instruments prenaient toute la place. Sur la basse une bouteille de mousseux, quand même.. Maintenant je ne sais plus si c'était Guillaume à l'avant, avec moi qui conduisais ou Christophe. Je revois bien Guillaume disant, passez-moi la bouteille de mousseux avant que vous la finissiez, que j'en passe un peu à Paulandré, Manu lui demander goguenard, et toi t'en bois pas? et Guillaume, oh, oh non, non, moi ça me dégoûte le mousseux, il est hors de question que je touche à ça... vous allez avoir un de ces mal de tête. Oui je m'imagine bien en train de gueuler sur Guillaume pour qu'il ne finisse pas la bouteille et qu'il m'en laisse un peu... mais je ne voudrais pas que ce soit trop caricatural non plus.

Quand nous sommes arrivés, Florent nous a aidé à décharger le matériel... tandis que nous frôlions la crise d'angoisse collective, la remise en question permanente pour nous détendre et gagner du temps il accorda même les guitares (Christophe et moi qui n'étions pas sûrs que le public soit sensible à la simplicité rustique de notre jeu de guitare après les essais de Florent ça nous a ému mais ça nous a pas beaucoup détendu... On a dû boire un verre de blanc tous les 5 pour "refaire les niveaux.")
Quand nous sommes arrivés, Stéphane nous a aidés à décharger le matériel et un ampli à la main il s'est jeté sur le barman, en lui en disant mort de rire, ouais, je suis membre de Le Stu, on est 5 et on veut bien une bière chacun et pour moi ça sera une pinte, je suis crevé, mon beau, haha. (C'est là qu'assassin je précise que quelques heures plus tard pendant qu'on jouera dans la salle au sous-sol il restera au bar à discuter avec un pote.)

Je sais même plus si on est rentré directement d'Eygalières ou si on a dormi là-bas mais je me souviens qu'au retour de Montpellier, dans la nuit, j'étais à la place du mort, bavais un mélange de whisky et de bière sur la vitre latérale, tandis que Guillaume conduisait d'une main de maître, pas de panique les gars, je vous ramène, on va faire un beau dodo à la maison. Manu répétait: je vais crever, je vais crever, je vais crever, il faut que je fasse quelque chose. Il avait imposé un arrêt sur une aire et s'était rué dans le "market", bu un café et une canette de redbull cul sec en moins de dix secondes et s'était jeté, blotti à l'arrière de la voiture en disant, putain, je peux enfin dormir. Et quand Stéphane, qui était entre temps allé pisser, avait proposé un pack, de prendre un pack de bière pour la suite de la route, Christophe et moi, surtout moi, avions gémi: non... Manu n'avait rien répondu: il dormait comme une masse.
Un peu déçu, il s'était foutu de nous avec Guillaume qui reprenait une clope et le volant.

Je signale au passage qu'entre les deux allers-retours des amplis grillèrent mais surtout que pendant que Manu essayait de me convaincre qu'il fallait que je me fasse un tatouage de taulard sur l'avant-bras, stylo bille et preuve à la main comme à l'appui, Christophe, Stéphane et moi parlions de nos pères, de nos mères, des enfants, de la liberté, de l'angoisse pendant que Florent, Christophe, Guillaume, Manu et moi nous taisions pudiquement sur le rapport à la vie, à la mort, à l'amour et à la liberté...
ça fait encore plus alcoolique, mais je le dis.
Et c'est pas trop grave si ça fait patient récurrent de pédopsychiatre: vu tout le fric que les généreux et généreuses mécènes d'Eygalières nous ont donné, et ce malgré les hurlements et les menaces d'une vieille dans le public dès qu'on a touché nos instruments, on peu encore un peu le payer, le pédopsychiatre.

PS: tout me revient maintenant, ni on n'avait dormi à Eygalières, ni on n'était rentré à Marseille: on était passé chez la mère de Manu, y'avait du vent, des arbres, des voûtes, de l'accueil, c'était très bien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire