mercredi 1 octobre 2014

STU 4...4? local 44

"S'il est libre, dites que vous voulez le 44."

Comme dans Hélène et les garçons, mon cricri, pour répéter il faut un local de répète.
Celui-là s'appelle "l'hôtel de la musique" et se situe rue du Portugal, perpendiculaire à l'avenue de la Capelette. C'est, genre vieille façade d'usine me semble-t-il mais je n'y connais pas grand chose, un assez beau bâtiment, relativement à ceux qui poussent autour de lui depuis une dizaine d'année en tout cas, barres d'immeubles qui ne l'étouffent pas encore mais qui le vouent à disparaître ou à se reconvertir vu le bruit que les 80 ou 90 petites pièces occupées par les groupes font subir au voisinage.
D'ailleurs, depuis cette année, suite à des plaintes j'imagine: double vitrage.
Et, souci d'économie, toutes les fenêtres ont été transformées en lucarnes.
Quant au chauffage, il n'y en a jamais: dans ces pièces où les groupes s'entassent, il fait très froid l'hiver et très chaud l'été ce qui me laisse à penser que le propriétaire ne semble pas vraiment un philanthrope animé par le seul souci du confort de la création musicale. Ou alors il pense comme d'autres que l'art vit de contraintes et meurt de liberté.
Mourir de froid.

Devant la façade: un parking en plein air, lui même enceint d'un haut mur et, pour entrer dans ce parking, une haute porte en bois qui coulisse sur un rail qui grince. Je trouve ça assez beau, c'est pas un pont levis mais comme le mur du parking, celui sur la gauche en entrant, longe un pont sur lequel passe la voie ferrée et sous les arceaux duquel poussent des buissons voire des figuiers, et bê ça fait à la fois industriel et bucolique. XIX° siècle?

Au fond du parking : deux entrées. La première, dans l'axe, toujours fermée par un volet roulant métallique - à moins qu'on n'arrive à en obtenir les clefs pour remplir un camion d'instruments, ce qui est bien commode-  l'autre, un peu décalée sur la gauche qui mène à un comptoir: l'accueil où on prend les clefs voire une bière mais plus sûrement un café car les bières clinquent déjà dans le sac en plastique blanchâtre, presque transparent, qui colle par endroit au verre de la 16, humide et froid; salle réduite chaque année par la création de nouvelles pièces au rez de chaussée dans lesquelles on peut loger des groupes qui paient leur loyer.
A quoi ont-ils droit ces groupes qui paient le loyer?
Nous en tout cas on a droit au local 44, ce qui est un bon hasard quand on ne déteste pas la chanson L'hôtel particulier de l'album Mélody Nelson, c'est-à-dire à une pièce moquettée, ce qui permet de conserver précieusement les odeurs de bière, de cigarette et de sueur, de... je sais pas moi... de 5 mètres sur 5... difficile à dire avec le matériel qui même bien rangé prend de la place.
Nous c'est, en ce moment, les intérimaires diasporés du Stu mais aussi les plus sédentaires - ce qui veut dire qu'ils font des répètes - TheSobers et WakeTheDead. Quand nous sommes arrivés il y a 5 ans il y'avait encore Sheeva et Menpenti. Heureusement que le temps passe mais ça dure. Sature?

C'est ici qu'un jour, torse nu, suant mais pas encore totalement ivre Christophe avait répondu, à genoux, à un coup de téléphone de son boulot en disant: "attendez, je suis dans un local avec des gens."
Que dire de plus? " C'est la chambre qu'ils appellent-ici de Cléopâtre?"

Pour finir ne pas oublier de préciser que si on y va à pied, depuis le métro de la Timone, par exemple et comme moi, il faut suivre le boulevard Sakakini et l'avenue de la Capelette en se disant que 3600 ans d'histoire pour arriver à ce niveau d'humanité (voitures, voitures, voitures, scooters, camions, camions, stations, essence, bétail, chèvre, odorant et mécanisé qui perce les tympans) ça peut remettre en question toute notion de progrès mais que comme les musiques saturées correspondent assez bien au décors urbains les plus sordides, c'est très bien comme ça -et, encore une fois, vivement une bonne bouffée de gasoil.

Autour du pédopsychiatre : des dessins d'enfants; au mur : de grandes bibliothèques chargées de livres sérieux; à sa droite : un divan - au dessus duquel, immobile, un ventilateur attend
qu'on lui permette de brasser un peu d'air.
Dans la main du pédopsychiatre un tout petit peu d'argent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire