vendredi 20 novembre 2015

STU7(SixZéro)

Il y a eu une époque où, épris de grandeurs, le réel, tel le filet de morve de l'Alien qui va vous désosser et sous lequel vous tremblez confit dans votre pisse, l'a bien rattrapé depuis - il vit en effet maintenant dans douze mètres carrés,
il y a eu une époque
donc
où,
épris de grandeurs,
Gui habitait au sommet d'un immeuble
qui avait servi de siège à la Gestapo,
possédait un toît terrasse sur lequel il faisait vivre une vingtaine de chats, vas-y Bébert,
et embrassait de son salon à travers une baie vitrée, flambante, la rue, la ville, les montagnes environnantes.

C'est ici au milieu de cette munificence qu'il fabriqua avec ses auxiliaires, Je et Mo, les tshirts du STU.
C'est tout. Mais
Recette de fabrication d'un tshirt de le Stu:
_ un tshirt (blanc, noir, gris, L, M, XL, S)
_ un logo (création Jayce stud)
_ un pochoir (fabrication de Je)
_ de la peinture (noire, rose, blanche)
_ des feutres, des pinceaux des cartons.
_ de la créativité (Je, Gui, Mo)
_ quatre heures
_ une dizaine de bouteilles de bière (qui n'a jamais lu Astérix et Cléopâtre me jette la première, bière.)

Quatre heures plus tard:
_ Mais tu fais n'importe quoi!
_ C'est pas ma faute mais... qu'est-ce qu'il boit ce Tshirt...
Mo qui ne boit pas d'alcool n'a pas eu besoin de regarder le cadavre des bouteilles pour éclater.
De rire.
Comme tout le monde à sa suite.

Deux jours plus tard, au moment de la présentation des Tshirts, à la question: qu'est-ce qui s'est passé sur ceux là?
Hésitation.
Et puis:
_ Ils ont été faits en dernier.
_ Mais, on n'est pas censé s'améliorer au fur et à mesure que l'on pratique?
_ OUais mais c'est des Tshirts qui boivent beaucoup.

 Je tiens à préciser qu'en refaisant des Tshirts avant hier, pleins, je me suis rendu compte que la peinture en espace confiné ça ennivre un peu et pendant que j'essayais de rattraper, pauvre chou, au feutre, un tshirt multicolore parce qu'il ne restait plus de peinture dans les bombes je pensais à cette phrase de Trust que je n'ai pas trop honte de recycler: il ne faut jamais hésiter à remonter sur la scène de la vie que certains voudraient que l'on occupe plus, que l'on occupe plus.

En plein milieu d'une digression fumeuse et cliche, oui, cliche, sur le fait que parfois clamer son nom cela ne signifie pas : moi je moi je moi je... mais: vie vie vie, la personne derrière ne dit pas, associez, associez, espèce de malfaiteur, mais: très bien, à la semaine prochaine.
Ah? 
Dans une sorte de confusion liée à l'instant, au lieu de tendre la main à son psy, dans le geste habituel et sacralisé pour dire au revoir, il faillit le prendre dans ses bras.
Il en était aussi confus que certaines phrases et s'arrêta en chemin.
Il vit sur le visage en face un petit sourire ironique et bienveillant. Une sorte de tendresse lucide mais pas désabusée.
Il sourit aussi.
Au revoir
Au revoir.
Que cela ne vous empêche pas de me payer.


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