vendredi 12 juillet 2019

Stu11: The Bea and The Shy Guy, fin- Reggaeton


Résumé de l’épisode précédent : après un concert à Grenoble de le STU et des FabreLasers, Christ-Florence et Clem-Clem se retrouvent sur le parking de l’Hôtel de la Musique et s’échangent des regards assassins et complices avant d’échanger ou de se vendre leurs vinyls et livres respectifs. Gui-Laurence que cet échange intéresse finalement assez peu, regarde en lui-même et se souvient : New York, la rencontre avec Bea, la mise en place de leur groupe : The Bea and the shy Guy, leurs succès…

Si y’a un mec qui a jamais pu piffrer le concept moisi de l’impermanence c’est bien Guy. L’impermanence qui justifie tout, l’impermanence alors que tout est éternel, que tout est hors du temps, que tout est le temps. Tout le temps. 
Pourtant il avait bien fallu se rendre à l’évidence que les choses ne durent pas toujours. Avec Béa, leur relation, leur musique, leur rayonnement… ça avait incroyablement bien marché tout de suite – bon ils avaient dû incarner quelque chose comme une tranche de french touch underground qui avait fait qu’ils avaient été à la fois suffisamment exotiques et dans le moule de la mode du temps pour trouver des dates et jouer jouer mais il faut avouer que ce qu’ils faisaient avait de la gueule : Bea chantait des horreurs d’une voix solaire, claviait moog ou korg, kourg, crachait, riait. Guy avec son ordi dont il lançait des boucles sales, sa caisse claire, son tom basse, sa cymbale hurlait, onomatopées ou disait des horreurs avec un regard lucidement paniquant derrière ses lunettes de vue… Ils avaient même trouvé pas mal au bout de trois concerts de jouer avec lunettes de soleil et ce qu’il sombre ou qu’il nuite, qu’il cave, l’essentiel étant de les baisser pour regarder les gens qui dansaient, qui avec son regard hilare, qui avec son regard ricanant. French Cancan… Putain ça marchait pas mal. Ça dansait. Ça tournait, Brooklyn, Chelsea… Beuverie Balroom, Chelsea Hotel Clinton, Brooklyn Métal Hilton, Brooklyn à mort… période bénie ou les petits français pouvaient se permettre les jeux de mots les plus pourris et être mignons. Béa ne se droguait plus, ils s’étaient même fixés une image, ce qui compte c’est l’image, gin fizz et vodka pure. Gin fizz pour l’abeille, vodka pure pour le timide. Après tout, c’était cohérent.
Et puis, quasi sans prévenir, enfin sans que Guy ne se rende compte qu’elle le prévenait, Béa était partie au Brésil, visiter, taffer... mais même organiser des concerts, viens avec moi on fera des concerts là-bas ! Il pouvait pas, il voulait pas… Allez, au moins quinze jours sur la côte ouest… On jouera dans les rues de San Francisco…
J’aime pas trop la Californie.
Tu les connais pas !
Tant mieux… Non mais arrête, faut rester à New York, c’est le paradis ici, on commence à être connu, faut faire son trou et puis après rayonner, rayonner… Mais l’Amérique du sud c’est une connerie…
T’est chiant…. De toute façon j’y vais, ils me payent super bien pour une pige… Je suis de retour dans un mois, six semaines au plus.
De fait elle était restée un mois et demi au Brésil et puis elle avait enchaîné avec le Nicaragua et puis… ça faisait longtemps qu’il avait quitté NewYorkCity. Il était passé quelques jours à Montréal, c’est à peu près la même bouffe sauf qu’elle est bonne et puis il était rentré en France où Picpus l’avait accueilli. Retour à la normale.
La dernière conversation tel(éphonique) que Guy avait eu avec Béa l’avait navré : elle avait plein d’idées, c’était fini New Order tout ça, depuis longtemps, tous ces groupes dont finalement elle se foutait, ce qui comptait, ce qu’il fallait faire c’était du Reggaeton, ça allait exploser, dans deux ans ça serait la folie et puis surtout c’était incroyable… Bien sûr qu’il avait raison, il fallait acheter des machines ! Quand elle rentrerait, ils achèteraient du matos et ils feraient du Reggaeton…. Elle chanterait qu’en Espagnol et en Portugais…
N’imp. Finito. Oui oui.

Guy n’a finalement pas plus envie que ça de rester dans la cavité de son cerveau et revient sur le parking où les choses s’éternisent. Il regarde tous les protagonistes à la con et quand il voit ce qu’il voit… il se dit que les choses ne durent pas mais que la connerie fondamentale des êtres reprend toujours le dessus et que les membres de son groupe vont encore fatalement le faire chier : le petit corse va bien finir par repiquer un crise de nerf, que la seule chose qui l’intéresse c’est Corona, the rythm of the night et le whisky coca mais attention pas façon HappyMondays, non, boîte de nuit qui sent la cigale et la pisse… Le petit marseillais quoiqu’il dise fasse ou joue avec brio la seule chose qui l’intéresse c’est l’OM et les jeux vidéo, la musique des jeux vidéo à la rigueur – ah oui et le pastis. Quant au dernier, l’espagouin qui veut faire et se faire croire qu’il est anglais… mon dieu… Francis Cabrel et Johnny Halliday… Non définitivement, mieux vaut définitivement basculer dans la fiction et continuer le groupe avec Agnès-Agnès, Esther-Céleste et Fleur-Florence, elles le feront moins chier, quitte à devenir définitivement Laurence, sans perdre le temps à faire le deuil de Guy from The Bea and the shy guy ou de quoi que ce soit d’autre.
Et, dis-moi, Laurence, Fleur, Agnès Céleste et toi vous faîtes toujours partie du STU ou tu changes aussi le nom du groupe ? Tu féminises aussi ? La STU ? La Studette ?
Non La Stu, ça me plaît pas… La Sainte… Voilà :
La Sainte, petites fêlées. Petites fêlées de couleurs vertes ou bleues.
Addendum 1 :
Si on se souvient qu’il y avait aussi un narrateur en jean troué, baskets blanches dégueulasses et marcel trop grand de basket 23 Jordan il dirait que dans toutes ces histoires qu’il n’avait pas suivies laissant ses amis s’éclater vraiment sans lui à NewYork, baiser toutes les meufs et tous les mecs arty qu'ils pourraient croiser après leur sortie de scène, que dans toutes ces histoires donc, la seule chose qu’il retenait, finalement, c’était la remontée vers Montréal en passant par les lacs : des lacs grands comme des mers, des arbres mystiques, autels qui te rappellent qu’avant ici c’était les indiens et que c’est eux leurs habitants naturels et le dernier des Mohicans et Bas de cuir, à la rigueur… le sentiment d’un incroyable paysage qui défile le long des vitres de la voiture de location, ou du train ou du buscar de la greyhound peut-être, couleur locale. Incroyables paysages à la fois sublimes et non oppressants et que l’Europe aille se faire foutre- Et cinquante euros dans la main du pédopsychiatre pour le lyrisme à deux balles - et pour le gimmick.
Addendum 2 :
Si on imagine que PicpusCactus reparle parfois avec Guy de cette période-là :
Alors, tu l’as baissée, cette Béa ?
Mais… Pas du tout !
En tout cas pour le Reggaeton, elle avait raison.
Entre autres choses.

La prochaine fois: la fin du duel au soleil. (En trente secondes)

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