mercredi 12 septembre 2018

Stu10, eux : The bea and the shy guy

De retour de Grenoble, après péripéties et joutes -une autre fois, les péripéties et joutes.
De retour de Grenoble, à l'essentiel, à l'os, au coeur: de retour de Grenoble sur le parking, comme toujours, de l'hôtel de la musique.

Sur le parking, Christ-Florence et Clem-Clem se regardent dans les yeux, légèrement fébriles. Christ-Flo n'a qu'une arme mais quelle arme! Le disque de Le Stu. Clem-Clem, double pistolero de métier a dans les étuis de sa cartouchière le disque de HKB et Le banc de touche, de lui-même. Nous autres, on cesse de vider le camion et de ranger le matos: le temps ne ralentit pas, il s'arrête, une botte de paille passe. Le regard de Guy-Laurence va de l'un à l'autre des duellistes, des uns aux autres des spectateurs: les deux Laser, Rob et Art, les deux Stu qui restent: Esther ou Celeste, Marie-Marie ou Agnès-Agnès, il ne sait plus et il s'en fout, ça le fait chier ces changements permanents de nom, Alain-Brigitte, mon cul, et ses yeux font un tour complet, se tournent dans leur orbite pour regarder dans la cavité de son cerveau lassé.
Le vide? Une araignée?
Le plein: tous les souvenirs à la cave et derrière un des tas de breloques, un coin caché en bas à droite, un petit miroir à loupiotes sur lequel est écrit au rouge à lèvres, ou peut-être que c'est écrit au néon fluo qui clignote: The bea and the shy guy.The bea and the shy guy. Dans un dernier réflexe pudique, pour pas qu'on voie que ses yeux sont tournés vers l'intérieur ou que sous l'effort il pleure, Guy Laurence ferme ses paupières.
Alors c'est une précaution inutile parce qu'il porte des lunettes de soleil, que le temps est arrêté et que tout le monde regarde, attend, le dénouement du duel au parking et...
Ta gueule: raconte l'histoire de The Bea and The Shy Guy, ça nous fera des vacances.... de toute façon, le temps que les autes pds dégainent...
Homophobe!
Jdis cqujveux, suis hermaphrodite.
Ok. L'histoire sera racontée par un petit gros blanc bec qui porte un jean très large troué, partout, et tombe mollement sur une paire de Nike blanche semi montante. Et un marcel de basket: Jordan23: l'histoire se passe à New York, 1997.
A l'époque Guy-Laurence ne s'appelait que Guy et était guitariste chanteur dans un groupe de... de tout ce qui a bon goût, mec, qu'il avait monté à Angoulème avec son pote Cactus (Gérard Picpus, oui il existe vraiment lui aussi, sur la carte d'identité), clavier, guitare, batterie, chant, machine. Bouillonnement créatif... ça commencait à marcher - bar, petites salles, essor.
Moi, le narrateur, je ne portais pas encore le numéro 23 Jordan que j'achèterai trois semaines plus tard mais j'avais prévu d'aller voir Béa qui travaillait à New-York et pour me payer le voyage je faisais la cueillette des pommes. J'y avais rencontré Guy, il avait dit à Cactus, des amplis on en a déjà, le cave, là, il a une copine à NY qui a un grand appart à Brooklyn, viens on y va.
Ok.
Et yohoho une bouteille de cidre. - Pas de cidre avec ces pommes, trop dangereux.
A l'aéroport Cactus était arrivé en retard, il était coutumier du fait, me raconta Guy dans l'avion devant une petite bière et un petit whisky et Cactus n'opina pas du chef du troisième siège vide puique retard ça voulait dire une demi-heure après le décollage et qu'il devait se boire un café bien sucré au duty free de Toulouse - ouais, j'ai payé mon  billet alors laissez-moi au moins aller m'acheter des clopes au dutyfree, bande de connards, en matant le cul des hôtesses qui passent comme des ballots de paille et en calculant les économies qu'il allait faire en n'allant pas dans cette ville de perdition, la pomme pourrie et qu'il pourrait intelligemment réinvestir dans une dizaine de cartouches de PeterStuyvesant et quelques litres de vodka
- A ce moment du souvenir guylien Christ-Flo a déjà dû décocher sa phrase qui semble imparable et Clem sa contre-attaque mais, tout absorbé qu'il est, Guy n'a pas entendu, faudra qu'il demande.
Je me retrouvai donc dans l'avion avec Guy, direction NY et on essayait de commander des boisson alcoolisées avec un laps de temps suffisant entre chaque commande pour ne pas qu'on nous les refuse ( c'est un jeu). L'idée c'est aussi d'alterner: y en a un qui commande et l'autre qui: ah tiens puisque vous êtes là et ppour ne pas vous déranger plus tard.... Et quelques pauses clopes. Air France. 1997
On pouvait encore fumer dans les avions en 1997?
Je peux confondre avec un autre souvenir...
Quand on est arrivé on a foncé chez Béa dans le plus vieux et le plus beau métro du monde, putain Michael Jackson, on a posé nos affaires et avant de sortir, Guy avait acheté une bouteille de vodka au duty free, élégance, on a bu l'apéro mais un pb s'est vite posé: Béa ne buvait pas, Guy était dans tous ses états.
Bon, j'allais aux toilettes au fond du long corridor dégueux et plein de puces lorsqu'il se rua, m'attrapa par les épaules: putain, mais elle boit pas ta copine?! Tu m'avais dit que c'était une soulaude... ça l'angoissait.
Sais pas, demande-lui... j'avais vraiment envie de pisser.

Quand je suis revenu ils étaient en train de rigoler comme des cons, il était tout pétant de joie, il avait dû voir le clavier qui trainait dans le couloir ou dans la chambre de Béa, et il m'a dit, putain, j'ai demandé à Béa pourquoi elle buvait pas et tu sais ce qu'elle m'a répondu? Béa le coupa entre deux hoquets, joie explosive habituelle, terrain connu et rassurant: mais c'est rien, j'ai rien dit, pourquoi ça le fait rire comme ça?? Et elle pleurait de rire, elle essuyait les petites larmes qui sautaient sur ses joues avec son index plié en deux comme elle.
Allez bon, redis-le, je peux pas le dire c'est moins drôle
- Mais j'étais allé pisser vingt minutes ou quoi, il en était où le niveau de la bouteille de la vodka?
Non pas bougé, la seule différence c'était la musique à fond, Sonic Youth ou Siouxie, je savais pas, je connaissais mal, c'était Guillaume et Cactus qui écoutaient ça et moi qui disais oui oui... et d'ailleurs, elle a des cds de ça, Béa? - tu me diras elle appartient à la branche de son peuple la plus aventureuse, celle de tous temps tournée vers l'Amérique.
Mais ça va j'ai simplement dit...
Et Guy de gueuler: écoute, écoute bien, man!
Un truc du genre, je sais plus.... je bois pas trop en ce moment mais c'est parce que.... parce que je commence à avoir les dents rongées par l'acide...
Haha, trop bien, New York! New York! Ahah, la folie, man.
Moi aussi, follet, je me suis mis à rire mais en fait j'étais plus avec eux, j'étais avec deux gosses, j'étais dépassé, j'étais plus là, j'étais finalement resté avec Gérard, avec Cactus qui souriait au loin dans un café de l'aéroport, Blagnac.... ces deux-là allaient faire de grandes choses et j'allais peut-être juste, just, à peine, pouvoir raconter leur histoire... thebeaandtheshyguy.
Alors tu sais, le roulement de tambour du duel sur le parking...
Mais t'es fou, je veux savoir, moi, qu'est-ce qu'ils se sont dit, les deux, la phrase imparable, la contre-attaque..?
La prochaine fois, man, la prochaine fois.

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Donc si j'ai bien compris en 1997 vous n'écoutiez pas SonicYouth et vous ne connaissiez pas Siouxsie et les banshees?
Bé non, bull in the eather, peut-être, et pas pour des raisons très glorieuses et encore, je sais pas... refabrication... non, pour moi, à la rigueur, et encore, pas sûr, 1997, c'est ça:
https://www.youtube.com/watch?v=jfv67aPFUXk
Oui... avec le Kin et J.C., ça allait devenir la chanson de l'alcool et de la voiture. La nuit, la route. C'était bien.
Mon dieu: allez, filez-moi vos cinquante euros et cassez-vous.

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