Il serait peut-être temps
d’assumer de partir du mouvement de la parole. Classe. Qui dit cela ? Que
pense-t-il quand il dit cela ? Et en ce qui nous concerne ici,
Elle part quand la
parole ?
Fin décembre ? Début
janvier ?
Même les dates de ma
propre vie je ne m’en souviens pas.
Il faut que je les
cherche, que je les retrouve. Naissance : le 17, naissance de qui ? Naissance
du petit : le 2. Petit, petit, est-ce que c’est bien de l’appeler comme ça,
le petit ? En tout cas ça rappelle d’où tu viens, on dirait comme ça de
par chez toi : le petit. Enfin une partie des tes ascendants aurait dit
comme ça. C’est sincère. C’est involontaire. C’est signé.
Bien. Passons à autre
chose.
On n’existe pas.
Enfin : « on » n’existe pas. Sinon j’aurais dit : on existe
pas. C’est une phrase de psy, de mon psy : au cours d’une interview que je
donnais allongé sur son canap et dans lequel j’étais pas mal en roue libre, il
ou elle me coupe et me dit qui ça « on » ? « On » ça
n’existe pas. Faudrait presque un point d’exclamation pour que ça tranche mais
y avait pas tant d’émotion : une vérité définitive n’a pas besoin de se
nourrir d’une quelconque émotion. Sèche.
Mais si, le couple, la
famille, les gens, le groupe. Que j’avais rétorqué, timidement. Agressivement
parce que timidement.
Ça n’existe pas. Ne vous
faîtes pas plus bête que vous n’êtes.
Cette dernière phrase je
la rajoute maintenant mais elle a dû être prononcée à un autre moment, une
autre occase.
Bien.
Mais on s’est retrouvé
entre deux feux, ça devait être fin décembre. Il faut que je demande aux
autres….
ça avait commencé avec un
tract, on était tous à peu près d’accord pour dire qu’on dénonçait, disons
qu’on refusait la violence de tout le monde. Et puis au dernier moment l’un
d’entre nous, ou l’une d’entre nous, a dit qu’on ne pouvait pas mettre sur le même
plan la violence policière, la violence d’Etat, putain de majuscule, et la
violence lycéenne, et la violence des casseurs. On, une partie de on, a répondu
que la violence lycéenne on ne la dénonçait pas car les lycéens n’étaient pas
violents si ce n’est périphériquement, si ce n’est principalement pour se
défendre mais que la violence des casseurs oui. Alors il ou elle a dit qu’il ou
elle ne pouvait pas signer le tract. Parce qu’on était ici pour dénoncer la
violence policière, la violence d’Etat, et c’est tout. Pour ce qu’ils en
avaient à foutre, soit dit en passant, ceux qui n’allaient pas lire le tract.
Les généreux fascistes.
Le tract on l’avait
dicté, rédigé, commenté au bar. Enfin pas vraiment un bar, un café restauration
à quelques encablures du lycée. On y avait pris des habitudes, on s’y rendait
tous les matins de blocage. Il se la jouait Liverpool, on aurait dit, des
briques à l’anglaise sur les murs. Mais le café est bon et souriant. Et il fait
chaud dedans. Parce qu’on va pas rester des heures non plus à faire les pieds
de grue dans le froid : on reste si des poubelles brûlent pour contrôler
que personne ou rien d’autre ne crame mais dès que la température baisse, café.
Qu’est-ce qu’un
blocage : les lycées mécontents, à raison, de réformes empêchent les
professeurs, complices évidemment, les putes lâches (je), pire encore,
manipulateurs de cerveaux prêts à tout pour ne pas travailler, les lycéens
mécontents donc et n’ayant d’autre moyen de faire remonter leur mécontentement
bloquent les entrées du lycée avec les poubelles du quartier, grimpent dessus
et selon stagnent gentiment, dansent, crient, agitent des banderoles tellement
faites à l’arrache qu’on dirait qu’elles ont été bombées en 1977. Au début.
Donc blocage, un jour,
deux jours, une semaine, deux semaines, un mois, presque deux mois ! Belle
stat. Ça en fait des cafés vendus et achetés. Des viennoiseries. Pour finir sur
le tract et un peu parler bagnole, aller voir comment ça s’est passé sur le
terrain je me souviens qu’après ce micro débat sur l’origine des violences et
le discours officiel qu’il convenait d’adopter face à elles, je suis rentré à
la maison en pestant, me suis abruti devant facebook et ai vu ce « com » d’un vieux
roublard un peu communiste mais plus que cela, et je dis cela sans même savoir
qui c’est, magie de la communication : casseurs, alliés objectifs de la
police.
Donc la casse, la rue,
les bagnoles.
C’était comment ?
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